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QUE CHERCHEZ-VOUS ?

Ô bienheureuse faute !

9 Avril 2012, 02:34am

Publié par Father Greg

 

« Ô nécessaire péché d’Adam, que la mort du Christ a détruit,

Ô heureuse faute qui nous a mérité un tel et un si grand Rédempteur ! »

Exultet, Vigile Pascale.

 Ô certe necessárium Adæ peccátum, quod Christi morte delétum est! Ô felix culpa, quæ talem ac tantum méruit habére Redemptórem!

 

 

dyn005 original 304 400 pjpeg 2501421 cec23e5506eb3c382cd48« Ô Felix culpa ! » « Ô Heureuse faute ! » Voilà ce que nous proclamons au monde et à nous-même pendant cette nuit pascale ! Ce qui est au cœur de notre foi –et qui n’est pas sans poser problèmes à nos intelligences cartésiennes et pharisiennes, moralistes et empresser de juger selon des schèmes étriqués et mesquins!!     

 


 
La faute d’Adam, ce péché originel dont nous avons tous hérité à travers ses conséquences, voilà qu’elle devient le lieu d’un magnificat, d’une exultation ! Ce qui empoisonne notre vie quotidienne, et dont les conséquences –l’orgueil, la jalousie et nos vanités- ne mourront en quelque sorte qu’après nous, deviennent malgré elles, source de joie ! Cette faute, ce premier refus d’être pauvre face à un don excédant nos capacités et qui apparaissait à notre condition humaine comme quelque chose de négatif –tu ne mangeras pas…-  ce « non originel » a comme permis à Dieu de se donner encore plus à nous. Comment ?
  


Alors que nous étions créés juste face à Dieu, la faute originelle nous a blessée d’une manière telle qu’elle a comme hâté, obligé Dieu de s’abaisser vers nous, et de se donner à nous d’une manière toute nouvelle. En effet, nos pauvretés et nos misères, tout ce qui humainement nous diminue, est devenue l’occasion pour Dieu d’un don nouveau ! Comment ?

 

Dieu nous a donné l’existence, la vie, toutes nos capacités spirituelles, sensibles, cet univers qui est comme notre grand jardin, ce dont nous pouvons user pour nous développer. Ce ‘non’ premier a mutilé, handicapé notre existence, nos capacités. Même notre univers est touché par cette faute et ces conséquences. Et Dieu y a répondu, non pas en nous rétablissant dans cette harmonie première, mais en se donnant lui-même ! Nous avions reçu une existence humaine. L’ayant abimé, nous recevons Dieu lui-même !! Ayant défiguré notre existence créé, nous recevons directement l’Incréé ! Celui qui subsiste se donne à nous dans la plus grande des proximités, en venant –grâce à notre misères- nous épouser, nous communiquer sa propre dignité. La faute d’Adam est devenu comme le lieu, l’occasion du don incroyable de Dieu qui, donc, nous appartient ! Dieu est venu s’unir à nous immédiatement, par là où nous l’avions rejeté !

 

La Croix devient ainsi comme un lieu de joie : Dieu épousant notre misère, nous communique tout ce qu’il est, d’une manière telle que l’homme et Dieu sont UN, sans fusion des natures. Il s’est abaissé jusqu’à se faire notre esclave, notre aliment, pour que nous arrêtions de rechercher notre perfection en dehors de son don, en dehors d’une dépendance dans l’amour ; Il se donne totalement pour que nous arrêtions de nous inquiéter de nous-mêmes, pour que nous arrêtions de nous regarder, de nous comparer, d’écraser les petits et les pauvres par nos qualités ou nos perfections à taille humaine ! Et il est venu jusqu’à épouser notre mort, toutes nos morts et nos échecs, toutes nos fautes, pour leur donner un sens, un poids, une fécondité divine, s’unissant par-là en quelque sorte à tout hommes, au-delà de notre vécu ou de notre conscience !


 

Nos lieux de misères deviennent ainsi comme des lieux qui l’attirent, qui réclament son don ! Il n’y a donc plus de place pour aucun pharisaïsme ! Et nous devons tous crier avec la petite Thérèse que nous arriverons au ciel : ‘les mains vides’ pour tout recevoir de Lui, et que nos perfections ne fassent pas obstacles à son don ! Nous ne pouvons donc plus nous prévaloir « d’avoir la vérité » « de posséder la vraie religion » sinon dans une totale pauvreté ! Qui de nous peut se prévaloir de vivre tous les jours en Fils de Dieu ? En Ressuscité ? Qui a conscience d’avoir tout reçu de Dieu ? D’être héritier de Jésus, de race divine ?

 

L’orgueil absolu qui a été vaincu c’est l’orgueil religieux, celui du fils ainé, du pharisien qui croit qu’il sait, des grands prêtres établis dans leurs fonctions et qui refusent de rester des mendiants, dépositaires d’un mystère qui les dépasse.  

 

La résurrection, cette victoire que Dieu nous acquière, doit nous libérer de cette fausse maladie de la bonne conscience de nous-même, de cette satisfaction de gens bien propre sous tout rapport, et qui baignent dans leur suffisance. Ce qui fait dire à St Jean de la Croix que l’obstacle le plus grand à son don, ce sont nos richesses spirituelles ! Même notre amour pour Lui –ou ce que nous croyons être notre amour pour Lui, peut-être un obstacle ! La résurrection est un don qui réclame de chacun, une pauvreté spirituelle radicale ! Qu’est-ce à dire que : ‘Jésus habite tout notre univers et confère à tout ce que l’on vit la dignité même de Dieu’ ?! Je n’en sais rien ! Cela nous échappe tous, puisqu’aucun avons une parfaite compréhension de Dieu !

 

La résurrection, c’est Jésus qui vient nous mettre relatif à lui, et qui vient nous dire que rien, absolument Rien dans notre vie n’est un obstacle à son don, sinon lorsque l’on croit que l’on sait ! «vous dites ‘nous voyons’, alors votre péché demeure… » Jean 9, 41.

 

Fr Grégoire.

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