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Redécouvrir ma source, Celui qui est, là, pour moi...

30 Juin 2019, 10:50am

Publié par Grégoire.

Redécouvrir ma source, Celui qui est, là, pour moi...

Découvrir le sens de notre personne, notre identité personnelle, implique nécessairement de dévoiler -pour nous-même- Celui que les traditions religieuses appellent communément ‘Dieu’; c’est à dire dévoiler Celui qui est La Réalité, en poussant jusqu'au bout, et de manière actuelle, ce qui fait notre personne dans son sommet, cet état d’émerveillement, d’étonnement, de sortie de soi, de  contemplation de Celui qui est présent à tout : « Si l’intelligence est quelque chose de divin en l’homme, la vie selon l’intelligence est également divine comparée à la vie humaine. Il ne faut donc pas écouter ceux qui conseillent à l’homme, parce qu’il est homme, de borner sa pensée aux choses humaines, et, mortel, aux choses mortelles, mais l’homme doit, dans la mesure du possible, s’immortaliser, et tout faire pour vivre selon la partie la plus noble qui est en lui ; car même si cette partie est petite par sa masse, par sa puissance et sa valeur elle dépasse de beaucoup tout le reste. On peut même penser que chaque homme s’identifie avec cette partie même, puisqu’elle est la partie fondamentale de son être, et la meilleure... » Aristote. Ethique à Nicomaque Livre X, chap 7.

Nous sommes en attente constante de toucher et par bref moments Celui qui nous dépasse, qui n'est extérieur à rien, qui est présent à tout ce qui est, plus réel que ce que nous en voyons ou ressentons : « Il est et, il ne peut pas ne pas être » dit Parménide. « Je suis Celui qui est » est-il-dit à Moïse. 

Ce toucher, c’est ‘voir comme l’oiseau de nuit perce l’obscurité et discerne une présence’ « de même que les yeux de l’oiseau de nuit sont aveuglés par la lumière du jour, de même notre intelligence est aveuglée par ce qui est le plus réel. » Aristote. Métaphysique. Livre a.

C’est une erreur terrible que de faire de la dimension religieuse la fin ultime de la personne humaine, c.a.d l’adoration, le sens du ‘sacré’, et ainsi de mettre la personne à une distance quasi infranchissable face au « Tout-autre », et de ne plus voir que sa « Majesté », sa « Toute-puissance » : c’est, là encore, le mettre relatif à nous, à notre mode humain. L’adoration, la liturgie, la louange, les chants, les temples, etc… sont des dispositions, un conditionnement, quelque chose de l'ordre de la manifestation extérieure, souvent communautaire, qui oriente il est vrai, dispose, mais qui, jamais n'est une fin, jamais ce pour quoi nous sommes faits.

Seul ce qui est vécu et choisi personnellement comme ce qui est là pour moi, peut réaliser ce que nous sommes le plus profondément. C’est pour cela que nombre de nos contemporains se sont détournés de l’aspect religieux, liturgiques, normatif, formel… Ils attendent quelque chose de plus profond que ce qui est communautaire, que ce qui relève du ‘troupeau’..  Notre monde en cela, à cette qualité d'attente, de rencontrer ou découvrir Celui qui va les nourrir, les reposer : connaitre et aimer personnellement Celui qui est ma source. C’est moi face à ma source. Découvrir que je suis par lui, quelque chose de Lui, que je ne suis pas sans qu'il pense actuellement à moi. On ne peut donc là rester spectateur, ou en rester à un niveau communautaire : c’est éminemment personnel !

Et cela commence avant la foi, avant la révélation chrétienne. La personne humaine est, dans ce qu’elle a d’ultime, dans son sommet, naturellement faite pour connaitre et aimer sa Source. Et chacun selon le chemin qui est le sien. Elle ne peut avoir de vrai repos qu’en Lui. Quand je le découvre, Lui pour moi. Avant cela, on ne se repose encore qu’en soi-même’. Et cela, c’est naturel mais cela ne pousse pas en nous « naturellement » : cela réclame le plus grand des efforts, de sacrifier ce qui peut être immédiatement un repos légitime. Sacrifier, autrement dit, je rends sacré en immolant, en offrant ce qu’il y a de légitimement humain, pour exercer, dévoiler ce qu’il y a de divin en moi, ce qui en moi est le plus moi-même et lié à ma source.

La Foi, la révélation chrétienne, nous fait entrer dans l’amitié du Fils lui-même, dans ce que Dieu vit de l’intérieur. La grâce chrétienne n’est pas donnée en proportion de la nature humaine, c’est un don excessivement gratuit, qui nous met à la hauteur de Dieu, à sa taille.. 

Mais, avant ça, déjà naturellement, toute personne humaine à la capacité et le désir de vivre de ce lien natif, premier, avec sa Source, qui est plus fort que celui d’un enfant pour sa mère. Car si l’enfant se sépare de sa mère, nous ne sommes jamais séparé de Celui qui nous porte dans notre existence. Là est notre  repos.

fr. Grégoire

 

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Bruno Doucey, l’enthousiaste

28 Juin 2019, 05:13am

Publié par Grégoire.

Bruno Doucey, l’enthousiaste

PORTRAIT - La jeune maison d’édition qui porte son nom vient d’être récompensée par le Goncourt de la poésie. Rencontre.

Il était tout petit quand il est tombé dans la marmite de la poésie. Bruno Doucey écrit des poèmes depuis l’âge de dix ans. Comme tous les enfants? Non, c’était déjà très sérieux pour lui - pour réparer des séparations et des deuils, pour ne pas souffrir. Une enfance difficile et malmenée dans une famille modeste. Ce natif de Saint-Claude, dans le Jura, portait toujours un carnet avec lui qu’il noircissait pour ne pas sombrer. «Je ressentais que la vie seule n’était pas suffisante, que l’écriture apportait une autre vie. Je n’ai jamais lâché cette idée», dit-il. L’enfant a aujourd’hui cinquante-huit ans, une allure de jeune homme. Et l’air heureux. On le rencontre chez lui dans un appartement baigné de lumière et de livres. Avec sa femme Murielle Szac, ils ont créé, en 2010, les Éditions Bruno Doucey, une petite maison de trois salariés qui vit d’exigence et de qualité. Pour corser l’affaire, ils ont choisi un domaine simple qui rapporte beaucoup d’argent: la poésie…

Mais l’audace peut être récompensée: en mai, l’un de leurs auteurs, Yvon Le Men, s’est vu décerner le prestigieux Goncourt de la poésie. Une reconnaissance pour ce grand poète, mais aussi un coup de chapeau à l’éditeur. Bernard Pivot, le président de l’Académie Goncourt, ne l’a pas caché. Les derniers livres de Le Men sont parus chez Doucey dont Un cri fendu en mille. D’ailleurs, Tahar Ben Jelloun, le poète du jury, lui a rendu un bel hommage: «Bruno Doucey réalise un travail magnifique.» Il est très rare qu’une maison qui fête tout juste ses dix ans soit ainsi couronnée par l’un des prix Goncourt.

Une matière humaine

Lors de la remise du prix, ce mardi 7 mai 2019, il y avait comme une forte charge émotionnelle entre le lauréat, Bruno Doucey et Murielle Szac. Ce Goncourt apporte de l’eau au moulin du passeur: «Je suis devenu éditeur pour résorber le fossé entre une poésie populaire et une poésie élitiste. J’ai connu celle qui était composée de petites chapelles qui vivaient dans le rejet les unes des autres, une “famille” enfermée dans un laboratoire expérimental se perdant dans les enjeux textuels et formalistes. Elle était complètement coupée du public et du monde. Elle s’éloignait de la chanson et de sa sève propre. On était en train de mourir», affirme-t-il sans que l’on ressente pourtant une pointe d’amertume, mais, au contraire, une grande combativité.

Il cite Éluard pour expliquer sa mission qui consiste à faire passer un texte «de l’horizon d’un seul à l’horizon de tous». Les idées de partage et d’engagement sont omniprésentes. Poète lui-même et éditeur de poètes, la belle phrase n’est jamais loin. Ainsi souligne-t-il: «La poésie meurt sous le poids de la glose, nous voulons retrouver la glaise des mots.» C’est-à-dire une matière humaine, plus ouverte aux autres. «Un enjeu majeur» pour lui comme pour sa compagne et associée, qui ajoute: «Pendant longtemps, la poésie n’a fait que parler d’elle. Notre mission est de nous adresser à tout le monde.»

 Il va chercher là où la poésie est vivante. Ce peut être en France, avec Yvon Le Men, mais aussi Jeanne Benameur, Claude Ber, qui vient de publier, ou un ­jeune poète, François-Xavier ­Maigre

 

L’aventure éditoriale est fondée sur quatre valeurs - comme les quatre points cardinaux. Bruno Doucey les répète inlassablement. Sa voix est à la fois ferme, douce et convaincante. Il explique. Un: ouverture aux poésies du monde entier. Deux: ouverture au plus grand nombre (cela paraît évident, mais en édition, et surtout en poésie, rien n’est plus complexe). Trois: ne pas dissocier lyrisme et engagement - ce qui pourrait être une belle définition de l’art poétique. À quoi sert un poème s’il est désarmé? Quatre: l’oralité. Car le poème se partage, se dit, se joue, il n’a de sens que s’il résonne avec le lecteur.

On croise ce couple partout où il est possible de parler d’œuvres poétiques et de transmettre: dans les salons du livre, les écoles, les ateliers d’écriture, et même sur les marchés. Comme des stars en tournées, ils ont sur leur agenda près de deux cents dates! «Et on ne privilégie pas les grandes salles, s’il y a cinq personnes, on est heureux, aussi», explique le cofondateur. C’est l’école Yvon Le Men qui passe toute sa vie à écrire et à dire ses poèmes.

Avec sa petite équipe, il va chercher là où la poésie est vivante. Ce peut être en France, avec Yvon Le Men, mais aussi Jeanne Benameur, Claude Ber, qui vient de publier La mort n’est jamais comme, ou un jeune poète, François-Xavier Maigre, dont le deuxième recueil paru en mars, Trois foulées plus bas, est tout simplement magnifique. Ce peut être dans le monde entier: la moitié du catalogue est diffusée en bilingue, telle cette auteure, figure de la poésie amérindienne, Rita Mestokosho, qui publie Née de la pluie et de la terre, avec une préface de Le Clézio. Il prend le recueil, lit des passages, en parle avec une telle passion que l’on finit par lui demander ce livre qu’on ne veut manquer pour rien au monde.

Pour toucher un plus large public, les Éditions Bruno Doucey travaillent avec Harmonia Mundi, diffuseur et distributeur, quand le plus souvent, les éditeurs de poèmes s’auto-distribuent. C’est une autre économie, qui a ses inconvénients - le diffuseur prélève une large part des ventes. Un best-seller en poésie, c’est 700 exemplaires. Chez Bruno Doucey, le tirage est de 1 200 exemplaires, c’est une prise de risque, mais qui assure une présence en librairies.

Double vie

- Crédits photo : Bruno Doucey

Tout en menant cette œuvre collective qu’est la maison d’édition, Bruno Doucey effectue des pas de côté pour soi: il écrit toujours des poèmes, le dernier recueil en date Ceux qui se taisent est composé de textes délicats qui tentent de donner des mots à ceux qui ne peuvent s’exprimer: «La parole n’est jamais si forte/que dans le silence». Des pages qui vont de la Crète - le refuge du couple — à Créteil, dans une banlieue désœuvrée en passant par Paris, un vendredi 13 novembre: «Vent de folie braises et cendres». La poésie ne se coupe pas du monde. Sa bibliographie compte des essais, comme Le Livre des déserts (chez Bouquins), des romans, Si tu parles Marianne ou Le Carnet retrouvé de Monsieur Max (sur Max Jacob). Il a été enseignant. «Je croyais que mon métier de professeur de lettres allait me laisser découvrir la poésie. En vérité, il m’en éloignait.» D’où l’édition.

De son côté, Murielle Szac a aussi sa double vie. C’est une figure de la littérature jeunesse, importante et humble. Cette ancienne rédactrice en chef des magazines de Bayard Presse dirige plusieurs collections, notamment «Ceux qui ont dit non», chez Actes Sud Junior. Et elle est l’auteure d’une tétralogie remarquée, La Mythologie grecque en cent épisodes, avec Le Feuilleton d’Ulysse (d’Hermès, de Thésée, et tout récemment d’Artémis): près de 280 000 exemplaires vendus.

Toute cette belle aventure ne serait pas née sans un épisode douloureux: son licenciement des éditions Seghers que Doucey a dirigées durant huit années. «J’ai éprouvé du chagrin et de la colère. La colère m’a donné envie de poursuivre l’aventure, autrement. Fini le chagrin, l’enthousiasme est devenu mon moteur.»

«Ceux qui  se taisent», de Bruno Doucey, Éditions  Bruno Doucey,  144 p., 15 €.

http://premium.lefigaro.fr/livres/bruno-doucey-l-enthousiaste-20190619


Bio express

- Naissance en mai, à Saint-Claude,  dans le Jura. Après ses études, il devient professeur de lettres.

Prend la direction des Éditions Seghers. Il est licencié huit ans après.

- Édite La Résistance et ses poètes (France 1940-1945), par Pierre Seghers.

Publication  du Livre des déserts dans la collection. «Bouquins», Éd. Robert Laffont. 

Création avec Murielle Szac des Éditions Bruno Doucey.

- En mai, sa maison d’édition est récompensée par le Goncourt  de la poésie  décerné à Yvon Le Men

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De gros nuages blancs filaient dans le ciel. Je pouvais presque voir la main qui les avait modelés.

22 Juin 2019, 01:19am

Publié par Grégoire.

De gros nuages blancs filaient dans le ciel. Je pouvais presque voir la main qui les avait modelés.

Dans la langue impatiente du vingtième siècle, dans cette langue  bruissante de vulgarité et de prétention, le mot «âme» resplendissaient de n'être plus jamais réveillés. Dans un sens, c'était mieux ainsi : le destin de l'âme était d'être ignorée, de même que celui du Christ était d'être tué. L'âme n'était pas plus que l'air qui rentre dans nos poumons, ou le silence qui brûle à l'intérieur des roses en bouton. C'était pour protéger ce rien d'air et de silence que j'avais, dans mon enfance, élevé autour de lui une muraille de livres. Louise-Amour, sans effort, avait abattu cette muraille, percé l'armure de ma sauvagerie, et je me retrouvais désormais à ses côtés dans des musées, des salons, badinant, papotant, trahissant tous mes secrets. Il lui avait suffi un jour de rejeter ses cheveux en arrière et de me dire, avec une voix somnambulique, comme on parle en pensant à autre chose : « Vous savez, quand j'étais petite, j'habillais mes poupées avec des pétales de roses. » Depuis j’étais captif d'une petite couturière de roses à qui il était impensable de refuser quoi que ce soit.

Parfois cependant un nerf se vrillait en moi, une impatience se levait. Rien de grave : toute vie est dans son fond inépuisable. Un sommeil de plusieurs jours, une prière d'une seconde, un rai de lumière transperçant l'enveloppe grisâtre du cerveau, et la vie la plus perdue se redresse et se cambre, éclatante, printanière, le brin d'herbe de l'espérance entre les dents. Il m'arrivait de désespérer de Louise-Amour, de nos rendez vous furtifs, de ces gens qui lui faisaient une cour à laquelle elle ne se dérobait pas franchement, de son sourire qu'elle m'abandonnait lorsque je la pressais trop, comme on laisse filer une écharpe entre les mains d'un fâcheux, pour mieux s'enfuir. Je devenais parfois sombre, coléreux. Je la quittais alors en secret, je coupais tous les fils qui me reliaient à elle. Ces fils invisibles, tranchés par la lame de ma lassitude, n'avaient pas le temps de pourrir : ils se reformaient aussitôt et je revenais, docile, vers Louise-Amour qui n'avait rien remarqué de ma désertion. J'étais alors le plus doux des chevaliers servants.

Christian Bobin, Louise Amour

 

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Il y a des fous tellement fous que rien ne pourra jamais leur enlever des yeux la jolie fièvre d'amour...

20 Juin 2019, 01:24am

Publié par Grégoire.

Il y a des fous tellement fous que rien ne pourra jamais leur enlever des yeux la jolie fièvre d'amour...

Nouveau seul-en-scène

à partir de textes de Christian Bobin,

disponible pour la scène, un salon,

à partir du 01 Septembre 2019.

 

" On est jetée dans le néant de cette vie, dans la fragilité extrême de cette vie, il faut aller très vite et résister à la tyrannie des évènements. La vie de chacun est un trait de feu, quelque chose qui ressemble au buisson ardent, quelque chose qui éclaire, qui brûle sans se détruire… Dieu nait à chaque rencontre, mais les vrais rencontres c’est très très rare. Que les gens disparaissent est au fond moins surprenant que de les voir apparaître soudain devant nous, proposés à notre coeur et à notre intelligence. Ces apparitions sont d'autant plus précieuses qu'elles sont infiniment rares.  Tous les jours, des centaines de boîtes dans le monde partent sous terre ou brûlent avec à l'intérieur des gens devenus génies par la grâce de mourir. Ils savent tout, ne disent rien. Leur silence est le même que celui des fleurs. Nous recevons la nouvelle de la disparition d'un être aimé comme l'enfoncement d'un poing de marbre dans notre poitrine. Pendant quelques mois nous avons le souffle coupé. Le choc nous a fait reculer d'un pas. Nous ne sommes plus dans le monde. Nous le regardons.

Rencontrer quelqu'un, le rencontrer vraiment -et non simplement bavarder comme si personne ne devait mourir un jour-, est une chose infiniment rare.  La plupart des gens sont aujourd'hui si parfaitement adaptés au monde qu'ils en deviennent inexistants.                          

Un jour arrive où plus personne ne vous est étranger. Ce jour-là, terrible, signe votre entrée dans la vie réelle. Elle est partie l’amoureuse - Elle est partie comme un ballon qu’un enfant tient par une ficelle et soudain lâche et le ballon monte en tournant dans le ciel. Ceux que nous aimons sont les voies de passeur vers plus grand qu’eux, les masques d’une divinité qu’aucune religion n’a réussi à capturer dans le filet de ses dogmes. Je ne demande plus à la vie ce qu’elle est. Je rejoins le grand art des berceaux : yeux dévalisés par l’invisible, bouche ouverte, je respire. J’avale les anges de l’air. Et j’écris, c’est ma réponse au sans réponse, mon contrechant, un bruit d’ailes dans le feuillage toujours vert du temps.

Christian Bobin

 

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Dieu, ou le contraire de cette bruyante lumière des volontés...

18 Juin 2019, 11:09am

Publié par Grégoire.

Dieu, ou le contraire de cette bruyante lumière des volontés...

Nous étions dans la campagne proche de Vézelay. Louise-Amour me précédait, comme toujours. «J'ai de l'appétit pour mille ans », me dit-elle, et ses yeux, plantés dans les miens, se mirent à briller, fiévreux, comme si on lui avait lancé à la figure un verre rempli de lumière. Pour me dire cette parole elle s'était brusquement retournée. Les visages sont des cadrans solaires. Il y a une heure où le cadran est vierge d'ombres, midi tapant. Le visage de Louise-Amour, nimbé par le bleu du ciel, venait d'atteindre cette heure de gloire, trempée d'assurance de soi. Cette heure signe toujours la défaite du ciel : il n'y a plus alors que la force des caractères et rien derrière, plus que le visible comme un grand corps un peu bête, envahissant tout. Dieu, quand il circule à son aise sous la peau d'un visage, fait monter dans les yeux de ce visage un brin de nostalgie, une retenue, une pudeur -tout le contraire de cette bruyante lumière des volontés.

Nous étions en route pour ce château où elle m'avait déjà mené et où elle avait, devant moi et avec mon consentement, noyé Thérèse d'Avila. On y fêtait ce soir le succès confirmé de Madone. Elle était heureuse ce jour-là, si être heureux c'est s'assourdir et éclabousser le monde de sa force. Nous arrivions devant le château. Louise-Amour franchit le pont-levis, moi la suivant, portant entre mes mains la traîne invisible de son triomphe. Le propriétaire l'attendait au milieu de la cour pavée, bras grands ouverts. Elle s'avança vers lui, éclata de rire, lançant au ciel son âme heureuse et insouciante. Le rire de Louise-Amour fit surgir du château des hommes et des femmes qui se précipitèrent vers elle. Je m'éloignai de cet essaim.

 

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L'Esprit consolateur

7 Juin 2019, 01:27am

Publié par Grégoire.

L'Esprit consolateur

Ô Esprit-Saint, Paraclet, Père des pauvres, Consolateur des affligés, Sanctificateur des âmes,  J'espère en votre bonté. Je vous aime, ô Dieu d'amour ! Je vous aime plus que toutes les choses de ce monde ; je vous aime de toutes mes affections, parce que vous êtes une bonté infinie qui mérite seule tous les amours. Je vous offre mon cœur, tout froid qu'il est, et je vous supplie d'y faire entrer un rayon de votre lumière et une étincelle de votre feu, pour y fondre la glace si dure. Vous êtes un feu, allumez en moi le feu de votre amour ; Vous êtes une lumière, éclairez-moi en me faisant connaître les choses éternelles ; Vous êtes une colombe, donnez-moi des mœurs pures ; Vous êtes un souffle plein de douceur, dissipez les orages que soulèvent en moi les passions ; Vous êtes une langue, enseignez-moi la manière de Vous louer sans cesse ; Vous êtes une nuée, couvrez-moi de l'ombre de votre protection...

L'Esprit dit "saint", Celui que nous envoie le Père et Jésus, est LE consolateur, le père des pauvres, l'amour pur, l'amour don, l'amour consolation... 

le don de l’Esprit Saint c’est Dieu qui nous adapte à Lui : Dieu qui vient nous mettre à son rythme, à sa taille, qui nous fait vivre sa vie ‘par nous-mêmes’ ! Plus rien alors ne nous est plus connaturel !

L’Esprit Saint c’est comme un feu qui transforme tout en feu, c’est comme un tremblement de terre qui fait que tout est apparemment détruit, c’est cette morsure intérieure qui nous fait de nous ces enfants qui, dans le désert, crient leur Père !

L’Esprit Saint c’est, en Dieu, le don le plus secret, ‘l’amour de l’amour’, ce qui ne se partage pas. Et c’est celui-là qui nous est donné. Il est Celui qui nous fait aimer, pâtir, être relatifs volontairement, qui nous fait nous quitter pour nous faire pure réceptivité, des agneaux, des victimes offertes, des cris de soifs, témoins de Jésus à la Croix qui ne vit plus que de la bonté du Père qui l’attire, et qui pour cela offre ceux qui lui sont le plus cher !

Ce qui fait dire à St Thomas que l’Esprit St n’aime que ceux qui aiment ! En cela il est le Père des pauvres : en nous attirant, Il est source en nous de ces états de totale gratuité et pauvreté ! L’amour fait que l’on est dépossédé de nous-mêmes, de nos attributs, de nos qualités, de nos biens humains, de nos amitiés, de nos statuts, de nos rôles aussi spirituels soient-ils... et qui nous fait être possédés par Celui qui nous aime, mais sans rien en posséder…

fr Grégoire.

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Et il me parla de cerisiers, de poussières et d'une montagne

4 Juin 2019, 08:45am

Publié par Grégoire.

Et il me parla de cerisiers, de poussières et d'une montagne

Il faut parfois toute une vie pour apprendre à marcher.

Nous avons tous peur, hommes, femmes, jeunes, vieux, quelles que soient notre culture, nos croyances. Nous refusons de l'admettre, parce que nous en avons honte. Mais si on "ne fait pas la peau" à la peur, c'est elle qui nous tuera, à petit feu. C'est elle qui nous pousse à faire des choses épouvantables, ou simplement stupides, qui nous font encore plus honte. C'est elle qui est le plus souvent à l'origine du ratage de nos vies et du fait que nous pouvons aussi détruire celle des autres.

Les signes les plus puissants, les plus "modificateurs" de nos existences sont le plus souvent portés par des êtres qui nous ont devancés à pas de géant et qui nous tendent la main pour nous aider à les rejoindre, qui sèment des graviers pour nous rendre le chemin plus facile. C'est l'adulte qui retient par l'épaule un enfant trébuchant, qui lui enseigne que, pour marcher, on ne peut avancer qu'un pied à la fois.

Faire attention, évaluer une situation, un risque, est une démarche saine et logique qui n'a rien à voir avec la peur irrationnelle. La peur est une réponse émotionnelle, en générale mauvaise, disproportionnée et sans fondement. La peur finit pas nous pousser dans l’auto-détestation puis dans l'autodestruction. Or comment peut-on vraiment aimer si on ne s'aime pas ? Comment espérer être aimé si on ne s'aime pas. "

Certaines rencontres peuvent-elles changer le cours d’une existence ? Assurément. Une extraordinaire leçon de vie attend Paul Lamarche, Paul qui pense que réussir sa vie, se résume à… réussir.
Un Noir américain à la carrure d’athlète rencontré en prison et un puissant homme d’affaires japonais qui parle de cerisiers et de poussières, d’autres encore, lui permettront enfin de comprendre que l’on ne réussit que lorsque l’on se met debout. Paul admettra enfin que les peurs ont mené sa vie jusque-là. On ne peut marcher que lorsqu’on dépasse les craintes qui nous entravent tous et nous empoisonnent. La vie est au bout du chemin.


Un roman tour à tour parabole moderne de la découverte de soi, récit d’une amitié profonde et histoire d’amour incandescente.

 

"Il y a bien plus de choses qui nous font peur, Lucilius, que de choses qui nous font mal." Sénèque - Lettres à Lucilius

"Accomplis chaque jour une chose qui te fais peur." Eleanor Roosevelt 

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Père, elle est venue l’heure..

2 Juin 2019, 09:36am

Publié par Grégoire.

Père, elle est venue l’heure..

« Père, elle est venue l’heure. Glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie. Ainsi, comme tu lui as donné pouvoir sur toute chair, il donne l'éternelle vie à tous ceux que tu lui as donnés. Or, tel est l'éternelle vie, te connaitre, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus. Moi, je te glorifie sur terre en accomplissant l’œuvre que tu me donne de faire. Et maintenant, glorifie-moi auprès de toi, Père, de la gloire que j’ai auprès de toi avant que le monde fût. J’ai manifesté ton nom aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner. Ils étaient à toi, tu me les as donnés, et ils ont gardé ta parole. Maintenant, ils ont reconnu que tout ce que tu m’as donné vient de toi, car je leur ai donné les paroles que tu m’avais données : ils les ont reçues, ils ont vraiment reconnu que je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m’as envoyé. »

La prière au chapitre 17 de Jean donne le regard actuel de Jésus sur chacun : c'est maintenant l'heure, c'est, à chaque instant, ce que Jésus fait pour chacun, nous donner l'éternelle vie, qui est de connaitre le Père, en nous faisant Fils bien-aimé. C'est son oeuvre. Ce qu'il fait pour nous, en chacun. Qui nous fait dire : que notre vie n'est pas ce que nous en faisons, mais ce que Lui en fait. Le savoir doit nous 'convertir' à son don, c'est à dire, nous tourner, nous intéresser à ce qu'Il fait en moi, avec moi si je veux y coopérer comme un ami. Lui abandonner notre vie, chercher à "se laisser faire" "se laisser conduire", lui remettre tout ce que l'on est, c'est entrer dans cette petitesse intérieure, qui nous fait lui remettre toutes nos actions, nos projets, nos résultats, nos blessures, notre efficacité, nos médiocrités et nos pauvretés, sans plus aucun jugement ni regard rétroactifs dessus, car Lui, leur donne un sens tout autre, une signification éternelle, une fécondité toute nouvelle. 

L'enfant du Père, chacun devant Lui doit laisser ces paroles le faire renaitre, le prendre de l'intérieur pour vivre de ce regard actuel, efficace de Jésus sur lui. Redire avec Jésus, ou laisser Jésus dire de l'intérieur "Père". "Abba, Père". C'est pour pouvoir dire cela en vérité, dans un abandon total de soi que l'Esprit de Jésus nous est envoyé, donné dès le point de départ. (Le Père n'a pas attendu la Pentecôte pour nous donner de son Esprit..) et l'Esprit du Père et du Fils n'est pas donné pour que l'on soit des gens impeccables, moralement fort, ou responsable. Tant mieux si on l'est. Mais en rien nos qualités humaines, ou nos acquis humains nous rendent capables de l'action de Jésus sur nous. C'est précisément le contraire : seule notre pauvreté, notre petitesse nous rend "disponible", "en attente" de son don qui nous excède, puisque son don c'est rien d'autre que Lui. Rien dans l'expérience humaine ne peut donner une image de ce don. Jamais je ne peux recevoir un autre quasi-substantiellement... là oui.

Laisser ces paroles descendre en nous, c'est redécouvrir à chaque instant et de plus en plus, que, je suis, dans ma vie, par son don, Fils du Père. Et les désirs les plus profonds en moi, sont le fruit de son attraction sur moi : Il est pure bonté agissante, gratuité excessive qui nous 'harcèle' en silence. Mais c'est une attraction telle, qu'elle nous blesse, elle nous excède, elle est de trop..

C'est pour cela que Jésus, se donnant à nous, nous met au terme, nous introduit dans l'éternelle vie. En cela, il est Père pour nous : 'qui me voit, voit le Père'. Et ce toucher, cette vision dans la foi, qui est actuelle, réelle, il est "plus présent, plus intime à moi-même que moi-même", créé une connaissance intime, un secret intérieur dans notre coeur, un repos, vécu dans l'instant, toujours à reprendre.. avec Celui qui est là, pure présence, qui m'attend, qui me connait, qui me devance toujours.. et là, je dois avoir le culot, le courage, l'orgueil de dire, avec Lui, par Lui, en Lui : "Père.. glorifie moi.."

fr Grégoire Plus.

 

 

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