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Les Damnés, Avignon 2016.

14 Juillet 2016, 23:26pm

Publié par Grégoire.

En s’emparant du scénario du film de Visconti, Ivo Van Hove entraîne la troupe de la Comédie française dans un sidérant voyage au bout de l’enfer. Un spectacle autant fascinant que glaçant.


Sur l’immense plateau de la cour d’honneur, les fabuleux comédiens de la Comédie française déroulent une danse macabre. Photo AFP

AFP

Jeudi, deuxième représentation des Damnés, 3 500 spectateurs se massent dans la cour d’honneur du palais des papes. Ce soir-là, quelques-uns jetteront de temps à autre un coup d’œil sur les portables pour guetter les évolutions du match France-Allemagne, théâtre et foot ne sont pas forcément incompatibles. Malgré l’épaisseur des murailles, les clameurs de la victoire parviendront jusqu’à nos oreilles au beau milieu de l’ode funèbre que déroule la troupe de la Comédie française.

Une maîtrise absolument saisissante

Spectacle fascinant autant que glacé que ces Damnés. Ivo Van Hove s’empare du scénario du film de Visconti, l’infernale descente aux enfers d’une famille de la grande bourgeoisie industrielle allemande pactisant avec Hitler. La famille Essenbeck c’est la famille Krupp – plus que compromise dans la mise en œuvre de l’économie de guerre allemande et l’exploitation criminelle de millions de travailleurs-esclaves – et bien d’autres moins connues. Sur l’immense plateau, la Comédie française dans ses œuvres – Podalydès, Gallienne, Sandre, Hervieu-Léger, les plus jeunes, des enfants – trente comédiens au total qui déroulent, deux heures et demi durant, une danse macabre.

Une image finale glaçante

Maître de l’espace, Ivo Van Hove déploie son savoir-faire avec une maîtrise absolument saisissante : vidéos, jeux d’images, récits polyphoniques, musique live – un quatuor de saxos – à laquelle se mêle chants martiaux qui enveloppent la cour d’honneur. Le nazisme déploie ses tentacules, dans la famille, les valeurs s’inversent. La violence est terrible, une note, dans le programme met en garde « la sensibilité des plus jeunes ». Un rituel de mort jusqu’à une image finale, glaçante, qui propulse dans la réalité la plus contemporaine, la plus immédiate.

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