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QUE CHERCHEZ-VOUS ?

priere - meditations..

«Je ne vous appelle plus serviteurs mais amis ! » (I)

8 Juillet 2011, 05:12am

Publié par Father Greg

 

01.jpgÀ soixante années du jour de mon Ordination sacerdotale, j’entends encore résonner en moi ces paroles de Jésus. Selon le déroulement liturgique de l’époque, cette acclamation signifiait alors aux nouveaux prêtres l’attribution explicite du mandat pour remettre les péchés. « Non plus serviteurs, mais amis » : je savais et j’avais conscience qu’à ce moment précis, ce n’était pas seulement une parole rituelle, ni une simple citation de la Sainte Écriture. J’avais conscience qu’en ce moment-là, le Seigneur Lui-même me l’adressait de façon toute personnelle. Dans le Baptême et dans la Confirmation, Il nous avait déjà attirés vers Lui, Il nous avait déjà accueillis dans la famille de Dieu.

Cependant, ce qui arrivait à ce moment-là était quelque chose de plus encore. Il m’appelle ami. Il m’accueille dans le cercle de ceux auxquels il s’était adressé au Cénacle. Dans le cercle de ceux que Lui connaît d’une façon toute particulière et qui ainsi sont amenés à Le connaître de façon particulière. Il me donne la faculté, qui fait presque peur, de faire ce que Lui seul, le Fils de Dieu, peut dire et faire légitimement : Moi, je te pardonne tes péchés. Il veut que moi – par son mandat – je puisse prononcer avec son « Je » une parole qui n’est pas seulement une parole mais plus encore une action qui produit un changement au plus profond de l’être. Je sais que derrière cette parole, il y a sa Passion à cause de nous et pour nous. Je sais que le pardon a son prix : dans sa Passion, Lui-même est descendu dans la profondeur obscure et sale de notre péché. Il est descendu dans la nuit de notre faute, et c’est seulement ainsi qu’elle peut être transformée. Et par le mandat de pardonner, Il me permet de jeter un regard sur l’abîme de l’homme et sur la grandeur de sa souffrance pour nous les hommes, qui me laisse deviner la grandeur de son amour. Il me dit : « Non plus serviteurs, mais amis ». Il me confie les paroles de la Consécration eucharistique. Il m’estime capable d’annoncer sa Parole, de l’expliquer de façon juste et de la porter aux hommes d’aujourd’hui. Il s’en remet à moi. « Vous n’êtes plus serviteurs mais amis » : c’est une affirmation qui procure une grande joie intérieure et qui, en même temps, dans sa grandeur, peut faire frémir au long des décennies, avec toutes les expériences de notre faiblesse et de son inépuisable bonté.

«Non plus serviteurs mais amis » : dans cette parole est contenu tout le programme d’une vie sacerdotale. Qu’est-ce que vraiment l’amitié ? Idem velle, idem nolle – vouloir les mêmes choses et ne pas vouloir les mêmes choses, disaient les anciens. L’amitié est une communion de pensée et de vouloir. Le Seigneur nous dit la même chose avec grande insistance : « Je connais les miens et les miens me connaissent » (cf. Jn 10, 14). Le Pasteur appelle les siens par leur nom (cf. Jn 10, 3). Il me connaît par mon nom. Je ne suis pas n’importe quel être anonyme dans l’immensité de l’univers. Il me connaît de façon toute personnelle. Et moi, est-ce que je Le connais Lui ? L’amitié qu’Il me donne peut seulement signifier que moi aussi je cherche à Le connaître toujours mieux ; que moi dans l’Écriture, dans les Sacrements, dans la rencontre de la prière, dans la communion des Saints, dans les personnes qui s’approchent de moi et que Lui m’envoie, je cherche à Le connaître toujours plus.

L’amitié n’est pas seulement connaissance, elle est surtout communion du vouloir. Elle signifie que ma volonté grandit vers le « oui » de l’adhésion à la sienne. Sa volonté, en effet, n’est pas pour moi une volonté externe et étrangère, à laquelle je me plie plus ou moins volontiers, ou à laquelle je ne me plie pas. Non, dans l’amitié, ma volonté en grandissant s’unit à la sienne, sa volonté devient la mienne et ainsi, je deviens vraiment moi-même. Outre la communion de pensée et de volonté, le Seigneur mentionne un troisième, un nouvel élément : Il donne sa vie pour nous (cf. Jn 15, 13 ; 10, 15). Seigneur, aide-moi à Te connaître toujours mieux ! Aide-moi à ne faire toujours plus qu’un avec ta volonté ! Aide-moi à vivre ma vie non pour moi-même, mais à la vivre avec Toi pour les autres ! Aide-moi à devenir toujours plus Ton ami !

 

Benoit XVI, soixante ans d'ordinations. 

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Le livre des Psaumes, « livre de prière » par excellence (II).

7 Juillet 2011, 04:56am

Publié par Father Greg

 

 

PHOTOLISTE_20090420172807_rogier_van_der_weyden_sa_500_.jpg Il advient quelque chose d'analogue lorsque l'enfant commence à parler, c'est-à-dire qu'il apprend à exprimer ses sensations, ses émotions, ses besoins avec des mots qui ne lui appartiennent pas de façon innée, mais qu'il apprend de ses parents et de ceux qui vivent autour de lui. Ce que l'enfant veut exprimer, c'est son propre vécu, mais le moyen d'expression appartient à d'autres ; et lui petit à petit s'en approprie ; les mots reçus des parents deviennent ses mots et à travers ces mots il apprend aussi une manière de penser et de sentir, il accède à tout un monde de concepts, et il grandit à l'intérieur de celui-ci, il entre en relation avec la réalité, avec les hommes et avec Dieu. La langue de ses parents est enfin devenue sa langue, il parle avec les mots reçus des autres qui sont désormais devenus ses mots. Ainsi en est-il avec la prière des Psaumes. Ils nous sont donnés pour que nous apprenions à nous adresser à Dieu, à communiquer avec Lui, à lui parler de nous avec ses mots, à trouver un langage pour la rencontre avec Dieu. Et à travers ces mots, il sera possible aussi de connaître et d'accueillir les critères de son action, de s'approcher du mystère de ses pensées et de ses voies (cf. Is 55, 8-9), afin de grandir toujours davantage dans la foi et dans l'amour. Comme nos mots ne sont pas seulement des mots, mais qu'ils nous enseignent un monde réel et conceptuel, de même ces prières aussi nous enseignent le cœur de Dieu, si bien que non seulement nous pouvons parler de Dieu, mais nous pouvons apprendre qui est Dieu et, en apprenant comment parler avec Lui, nous apprenons à être homme, à être nous-mêmes.

 

A cet égard, le titre que la tradition juive a donné au Psautier, apparaît significatif. Il s’appelle tehillîm, un terme hébreu qui veut dire « louanges », de cette ravine verbale que nous retrouvons dans l'expression « Alleluia », c'est-à-dire, littéralement : « louez le Seigneur ». Ce livre de prières, donc, même si multiforme et complexe, avec ses divers genres littéraires et avec son articulation entre louange et supplique, est en fin de compte un livre de louanges, qui enseigne à rendre grâces, à célébrer la grandeur du don de Dieu, à reconnaître la beauté de ses œuvres et à glorifier son saint Nom. C'est là la réponse la plus adaptée face à la manifestation du Seigneur et à l'expérience de sa bonté. En nous enseignant à prier, les Psaumes nous enseignent que, même dans le désespoir, dans la douleur, Dieu reste présent, et cette présence est source d'émerveillement et de réconfort ; on peut pleurer, supplier, intercéder, se plaindre, mais dans la conscience que nous sommes en train de cheminer vers la lumière, où la louange pourra être définitive. Comme nous l'enseigne le Psaume 36 : « En toi est la source de vie ; par ta lumière nous voyons la lumière » (Ps 36, 10).

 

Mais outre ce titre général du livre, la tradition juive a donné à de nombreux Psaumes des titres spécifiques, en les attribuant, en grande majorité, au roi David. Figure d'une remarquable fibre humaine et théologique, David est un personnage complexe, qui a traversé les expériences fondamentales les plus variées de l'existence. Jeune pasteur du troupeau paternel, vivant alternativement des épisodes positifs et négatifs, parfois même dramatiques, il devient roi d’Israël, pasteur du peuple de Dieu. Homme de paix, il a combattu de nombreuses guerres ; inlassable et tenace chercheur de Dieu, il a trahi son amour, et cela est caractéristique : il est toujours resté un chercheur de Dieu, même si très souvent il a gravement péché ; humble pénitent, il a accueilli le pardon divin, ainsi que la peine divine, et il a accepté un destin marqué par la douleur. David a ainsi été un roi, avec toutes ses faiblesses, « selon le cœur de Dieu » (cf. 1 Sam 13, 14), c'est-à-dire un orant passionné, un homme qui savait ce que veut dire supplier et louer. Le lien des Psaumes avec cet insigne roi d'Israël est donc important, parce qu'il est une figure messianique. Oint par le Seigneur, chez qui est en quelque sorte ébauché le mystère du Christ.

 

Tout aussi importantes et significatives sont la manière et la fréquence avec lesquelles les paroles des Psaumes sont reprises par le Nouveau Testament, en assumant et en soulignant cette valeur prophétique suggérée par le lien du Psautier avec la figure messianique de David. Dans le Seigneur Jésus, qui dans sa vie terrestre a prié avec les Psaumes, ils trouvent leur accomplissement définitif et ils révèlent leur sens le plus plein et le plus profond. Les prières du Psautier, avec lesquelles on parle à Dieu, nous parlent de Lui, nous parlent du Fils, image du Dieu invisible (Col 1, 15), qui nous révèle de manière accomplie le Visage du Père. Le chrétien, donc, en priant les Psaumes, prie le Père dans le Christ et avec le Christ, en assumant ces chants dans une perspective nouvelle, qui a dans le mystère pascal son ultime clé interprétative. L’horizon de l'orant s'ouvre ainsi à une réalité inattendue, chaque Psaume acquiert une lumière nouvelle dans le Christ et le Psautier peut briller dans son infinie richesse.

 

Très chers frères et sœurs, prenons donc en main ce livre saint, laissons Dieu nous apprendre à nous adresser à Lui, faisons du Psautier un guide qui nous aide et nous accompagne quotidiennement sur le chemin de la prière. Et demandons, nous aussi, comme disciples de Jésus, « Seigneur, apprends-nous à prier » (Lc 11, 1), en ouvrant notre cœur à accueillir la prière du Maître, où toutes les prières trouvent leur accomplissement. Ainsi, rendus fils dans le Fils, nous pourrons parler à Dieu en l'appelant « Notre Père ».  Merci.

 

Benoit XVI, catéchèse du mercredi.

 

 

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Le livre des Psaumes, « livre de prière » par excellence (I).

6 Juillet 2011, 05:52am

Publié par Father Greg

 

 

 

 

 St_dominic---Copie--600x800-.jpgLe Psautier se présente comme un « formulaire » de prière, un recueil de cent cinquante psaumes que la tradition biblique donne au peuple des croyants afin qu’ils deviennent sa prière, notre prière, notre manière de nous adresser à Dieu et de nous mettre en relation avec Lui. Dans ce livre, toute l’expérience humaine avec ses multiples facettes et toute la gamme des sentiments qui accompagnent l’existence de l’homme trouvent leur expression. Dans les Psaumes se mêlent et s’expriment la joie et la souffrance, le désir de Dieu et la perception de la propre indignité, le bonheur et le sentiment d’abandon, la confiance en Dieu et la douloureuse solitude, la plénitude de vie et la peur de mourir. Toute la réalité du croyant se retrouve dans ces prières, que le peuple d’Israël tout d’abord et ensuite l’Eglise ont assumées comme médiation privilégiée de la relation avec l’unique Dieu et comme réponse adaptée à sa révélation dans l’histoire. En tant que prière, les psaumes sont des manifestations de l’âme et de la foi, où tous peuvent se reconnaître et dans lesquels se communique cette expérience de proximité particulière avec Dieu à laquelle chaque homme est appelé. Et c’est toute la complexité de l’existence humaine qui se concentre dans la complexité des différentes formes littéraires des divers Psaumes : hymnes, lamentations, supplications individuelles et collectives, chants de remerciement, psaumes pénitentiels, psaumes sapientiels et d’autres genres que nous pouvons retrouver dans ces compositions poétiques. 

 

Malgré cette multiplicité expressive, deux grands domaines qui synthétisent la prière du Psautier peuvent être identifiés : la supplique, liée à la lamentation, et la louange, deux dimensions reliées et presque inséparables. Car la supplique est animée par la certitude que Dieu répondra, et cela ouvre à la louange et à l’action de grâce ; et la louange et le remerciement naissent de l’expérience d’un salut reçu, qui suppose un besoin d’aide que la supplique exprime.

 

Dans la supplique, l’orant se lamente et décrit sa situation d’angoisse, de danger, de désolation, ou bien, comme dans les psaumes pénitentiels, il confesse sa faute, le péché, en demandant d’être pardonné. Il expose au Seigneur son état de besoin dans la certitude d’être écouté, et cela implique une reconnaissance de Dieu comme bon, désireux du bien et « amant de la vie » (cf. Sg 11, 26), prêt à aider, sauver, pardonner. C’est ainsi, par exemple, que prie le Psalmiste dans le Psaume 31 : « En toi Seigneur j’ai mon refuge ; garde-moi d’être humilié pour toujours [...] Tu m’arraches au filet qu’ils m’ont tendu ; oui, c’est toi mon abri » (vv. 2.5). Dans la lamentation peut donc déjà apparaître quelque chose de la louange, qui se préannonce dans l’espérance de l’intervention divine et qui se fait ensuite explicite quand le salut divin devient réalité. De manière analogue, dans les Psaumes d’action de grâce et de louange, en faisant mémoire du don reçu ou en contemplant la grandeur de la miséricorde de Dieu, on reconnaît également sa propre petitesse et la nécessité d’être sauvés, qui est à la base de la supplication. On confesse ainsi à Dieu sa propre condition de créature inévitablement marquée par la mort, mais pourtant porteuse d’un désir de vie radical. Le Psalmiste s’exclame: « Je te rends grâce de tout mon cœur, Seigneur mon Dieu, toujours je rendrai gloire à ton nom ; il est grand, ton amour pour moi : tu m’as tiré de l’abîme des morts » (86vv. 12-13). De cette manière, dans la prière des Psaumes, la supplique et la louange se mêlent et se fondent dans un unique chant qui célèbre la grâce éternelle du Seigneur qui se penche sur notre fragilité.

 

C’est précisément pour permettre au peuple des croyants de s’unir à ce chant que le livre du Psautier a été donné à Israël et à l’Eglise. En effet, les psaumes enseignent à prier. Dans ceux-ci, la Parole de Dieu devient parole de prière — et ce sont les paroles du Psalmiste inspiré —, qui devient également parole de l’orant qui prie avec les Psaumes. Telle est la beauté et la particularité de ce livre biblique : les prières qui y sont contenues, à la différence d’autres prières que nous trouvons dans l’Ecriture sainte, ne sont pas insérées dans une trame narrative qui en spécifie le sens et la fonction. Les Psaumes sont donnés au croyant précisément comme texte de prière, qui a pour unique but de devenir la prière de celui qui les assume et avec eux s’adresse à Dieu. Etant donné qu’ils sont la Parole de Dieu, celui qui prie les Psaumes parle à Dieu avec les paroles mêmes que Dieu nous a données, il s’adresse à Lui avec les paroles que Lui-même nous donne. Ainsi, en priant les Psaumes, on apprend à prier. Ils sont une école de la prière.

 

Benoit XVI, catéchèse du mercredi.

 


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La prière. Elie feu de Dieu...(II)

5 Juillet 2011, 04:41am

Publié par Father Greg

 

 

 

 

 

Le_jar_d_ousson_97x162_2005_1.jpgMais il est nécessaire que le symbole devienne réalité, qu’Israël reconnaisse le véritable Dieu et retrouve son identité de peuple du Seigneur. C’est pourquoi Elie demande à Dieu de se manifester, et les douze pierres qui devaient rappeler à Israël sa vérité servent également à rappeler au Seigneur sa fidélité, à laquelle le prophète appelle dans la prière. Les paroles de son invocation sont riches de signification et de foi : « Seigneur, Dieu d'Abraham, d'Isaac et d'Israël, qu'on sache aujourd'hui que tu es Dieu en Israël, que je suis ton serviteur et que c'est par ton ordre que j'ai accompli toutes ces choses. Réponds-moi, Seigneur, réponds-moi, pour que ce peuple sache que c'est toi, Seigneur, qui es Dieu et qui convertis leur cœur ! » (vv. 36-37 ; cf. Gn 32, 36-37). Elie s’adresse au Seigneur en l’appelant Dieu des Pères, faisant ainsi mémoire de façon implicite des promesses divines et de l’histoire d’élection et d’alliance qui a uni de façon indissoluble le Seigneur à son peuple. La participation de Dieu à l’histoire des hommes est telle que désormais, son nom est lié de façon inséparable à celui des patriarches et le prophète prononce ce Nom saint afin que Dieu se rappelle et soit fidèle, mais également afin qu’Israël se sente appelé par son nom et retrouve sa fidélité. Le titre divin prononcé par Elie apparaît en effet un peu surprenant. Au lieu d’utiliser la formule habituelle, « Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob », il utilise une appellation moins commune : « Dieu d’Abraham, d’Isaac et d’Israël ». L’utilisation du nom « Jacob » qui remplace celui d’« Israël » évoque la lutte de Jacob au gué du Yabboq et le changement de nom auquel le narrateur fait une référence explicite (cf. Gn 32, 31) et dont j’ai parlé dans l’une des catéchèses passées. Cette substitution acquiert une signification importante au sein de l’invocation d’Elie. Le prophète est en train de prier pour le peuple du royaume du Nord, qui s’appelait précisément Israël, qui se distingue de Juda, qui indiquait le royaume du Sud. Et à présent, ce peuple, qui semble avoir oublié son origine et sa relation privilégiée avec le Seigneur, est appelé par son nom tandis qu’est prononcé le nom de Dieu, Dieu du Patriarche et Dieu du peuple : « Seigneur, Dieu [...] d’Israël, qu'on sache aujourd'hui que tu es Dieu en Israël ».

 

 

Le peuple pour lequel Elie prie est placé devant sa propre vérité, et le prophète demande que la vérité du Seigneur également se manifeste et qu’Il intervienne pour convertir Israël, le détachant de la tromperie de l’idolâtrie et le conduisant ainsi au salut. Sa requête est que le peuple sache finalement, connaisse en plénitude qui est véritablement son Dieu, et fasse le choix décisif de le suivre, Lui seul, le vrai Dieu. Car ce n’est qu’ainsi que Dieu est reconnu pour ce qu’il est, Absolu et Transcendant, sans la possibilité de placer à ses côtés d’autres dieux, qui le nieraient comme absolu, le relativisant. Telle est la foi qui fait d’Israël le peuple de Dieu ; c’est la foi proclamée dans le texte bien connu du Shema ‘Israel : « Ecoute, Israël : Seigneur notre Dieu est le seul Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir » (Dt 6, 4-5). A l’absolu de Dieu, le croyant doit répondre par un amour absolu, total, qui engage toute sa vie, ses forces, son cœur. Et c’est précisément pour le cœur de son peuple que le prophète, à travers sa prière, implore la conversion : « que ce peuple sache que c'est toi, Seigneur, qui es Dieu et qui convertis leur cœur ! » (1 R 18, 37). Elie, à travers son intercession, demande à Dieu ce que Dieu lui-même désire faire, se manifester dans toute sa miséricorde, fidèle à sa réalité de Seigneur de la vie qui pardonne, convertit, transforme.

 

 

Et c’est ce qui a lieu : « Et le feu du Seigneur tomba et dévora l'holocauste et le bois, et il absorba l'eau qui était dans le canal. Tout le peuple le vit ; les gens tombèrent la face contre terre et dirent : “C'est le Seigneur qui est Dieu ! C'est le Seigneur qui est Dieu !” » (vv. 38-39). Le feu, cet élément à la fois nécessaire et terrible, lié aux manifestations divines du buisson ardent et du Sinaï, sert à présent à signaler l’amour de Dieu qui répond à la prière et se révèle à son peuple. Baal, le dieu muet et impuissant, n’avait pas répondu aux invocations de ses prophètes : le Seigneur, au contraire, répond, et sans équivoque, non seulement en brûlant l’holocauste, mais en allant jusqu’à absorber toute l’eau qui avait été versée autour de l’autel. Israël ne peut plus avoir de doutes : la miséricorde divine est allée au-devant de sa faiblesse, de ses doutes, de son manque de foi. A présent, Baal, la vaine idole, est vaincu et le peuple, qui semblait perdu, a retrouvé le chemin de la vérité et s’est retrouvé lui-même.

 

 

Que nous dit cette histoire du passé ? Dans quelle mesure cette histoire est-elle actuelle ? Avant tout, c’est la priorité du premier commandement qui est en question : adorer uniquement Dieu. Là où Dieu disparaît, l’homme tombe dans l’esclavage d’idolâtries, comme l’ont montré, à notre époque, les régimes totalitaires et comme le montrent également diverses formes de nihilisme, qui rendent l’homme dépendant d’idoles, d’idolâtries qui le réduisent à l’état d’esclave. Deuxièmement, l’objectif principal de la prière est la conversion : le feu de Dieu qui transforme notre cœur et nous rend capables de voir Dieu et ainsi, de vivre selon Dieu et de vivre pour l’autre. En troisième lieu, les Pères nous disent que cette histoire d’un prophète est elle aussi prophétique, si — disent-ils — elle est l’ombre du futur, du futur Christ ; il s’agit d’un pas sur le chemin vers le Christ. Et ils nous disent que nous voyons ici le véritable feu de Dieu : l’amour qui guide le Seigneur jusqu’à la croix, jusqu’au don total de soi. La véritable adoration de Dieu, alors, est de se donner soi-même à Dieu et aux hommes, la véritable adoration est l’amour. Et la véritable adoration de Dieu ne détruit pas, mais renouvelle, transforme. Certes, le feu de Dieu, le feu de l’amour brûle, transforme, purifie, mais précisément ainsi, il ne détruit pas, mais crée la vérité de notre être, il recrée notre cœur. Et ainsi, réellement vivants par la grâce du feu de l’Esprit Saint, de l’amour de Dieu, nous sommes adorateurs en esprit et en vérité. Merci.

  


Benoit XVI, Mercredi 15 juin 2011

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La prière. Elie feu de Dieu...(I)

4 Juillet 2011, 04:38am

Publié par Father Greg

 

 

325px-LantaraSpiritGodoverWatersElie, suscité par Dieu pour conduire le peuple à la conversion. Son nom signifie « le Seigneur est mon Dieu » et c’est en accord avec ce nom que se déroule toute sa vie, consacrée tout entière à provoquer dans le peuple la reconnaissance du Seigneur comme unique Dieu. D’Elie, le Siracide dit : « Le prophète Elie se leva comme un feu, sa parole brûlait comme une torche » (Si 48, 1). Avec cette flamme, Israël retrouve son chemin vers Dieu. Dans son mystère, Elie prie : il invoque le Seigneur afin qu’il ramène à la vie le fils d’une veuve qui l’avait accueilli (cf. 1 R 17, 17-24), il crie à Dieu sa lassitude et son angoisse tandis qu’il fuit dans le désert, recherché et condamné à mort par la reine Jézabel (cf. 1 R 19, 1-4), mais c’est surtout sur le mont Carmel qu’il montre toute sa puissance comme intercesseur lorsque, devant tout Israël, il prie le Seigneur pour qu’il se manifeste et convertisse le cœur du peuple.

 

Nous nous trouvons dans le royaume du Nord, au IXe siècle av. J. C., au temps du roi Achab, à un moment où en Israël s’était créée une situation de syncrétisme ouvert. A côté du Seigneur, le peuple adorait Baal, l’idole rassurante dont venait – pensait-on – le don de la pluie et auquel était attribué pour cette raison le pouvoir de donner la fertilité aux champs et la vie aux hommes et au bétail. Tout en prétendant suivre le Seigneur, Dieu invisible et mystérieux, le peuple recherchait aussi la sécurité chez un dieu compréhensible et prévisible, dont il pensait pouvoir obtenir la fécondité et la prospérité en échange de sacrifices. Israël était en train de céder à la séduction de l’idolâtrie, la tentation continuelle du croyant, ayant l’illusion de pouvoir « servir deux maîtres » (cf. Mt 6, 24 ; Lc 16, 13), et de faciliter les chemins impraticables de la foi dans le Tout-Puissant en plaçant également sa confiance dans un dieu impuissant fait par les hommes.

 

C’est justement pour démasquer la stupidité trompeuse d’une telle attitude qu’Elie fait se réunir le peuple d’Israël sur le mont Carmel et le place face à la nécessité de faire un choix : « Si le Seigneur est Dieu, suivez-le ; si c’est Baal, suivez-le » (1 R 18, 21). Et le prophète, porteur de l’amour de Dieu, n’abandonne pas son peuple face à ce choix, mais il l’aide en indiquant le signe qui révélera la vérité : lui d’un côté et les prophètes de Baal de l’autre prépareront un sacrifice et prieront, et le vrai Dieu se manifestera en répondant par le feu qui consumera l’offrande. Ainsi commence la confrontation entre le prophète Elie et les disciples de Baal, qui est en réalité entre le Seigneur d’Israël, Dieu de salut et de vie, et l’idole muette et sans consistance, qui ne peut rien faire, ni en bien ni en mal (cf. Jr 10, 5). Et commence aussi la confrontation entre deux manières complètement différentes de s’adresser à Dieu et de prier.


 

 

Les prophètes de Baal, en effet, crient, s’agitent, dansent en sautant, entrent dans un tel état d’exaltation qu’ils en viennent à s’inciser le corps, « avec des épées et des lances jusqu’à l’effusion du sang » (1 R 18, 28). Ils ont recours à eux-mêmes pour interpeller leur dieu, en faisant confiance à leurs propres capacités de provoquer sa réponse. Ainsi se révèle la réalité trompeuse de l’idole : il est pensé par l’homme comme quelque chose dont on peut disposer, que l’on peut gérer avec ses propres forces, auquel on peut accéder à partir de soi-même et de sa propre force vitale. L’adoration de l’idole, au lieu d’ouvrir le cœur humain à l’Altérité, à une relation qui libère et permet de sortir de l’espace étroit de son propre égoïsme pour accéder à des dimensions d’amour et de don réciproque, enferme la personne dans le cercle exclusif et désespérant de la recherche de soi. Et la tromperie est telle que, en adorant l’idole, l’homme se retrouve contraint à des actions extrêmes, dans la tentative illusoire de le soumettre à sa propre volonté. C’est pourquoi les prophètes de Baal en viennent jusqu’à se faire du mal, à s’infliger des blessures sur le corps, dans un geste dramatiquement ironique : pour avoir une réponse, un signe de vie de leur dieu, ils se recouvrent de sang, se recouvrant symboliquement de mort.


  

C’est une attitude de prière bien différente qu’adopte en revanche Elie. Il demande au peuple de s’approcher, en l’impliquant ainsi dans son action et dans sa supplication. Le but du défi qu’il a lancé aux prophètes de Baal était de ramener à Dieu le peuple qui s’était égaré en suivant les idoles : c’est pourquoi il veut qu’Israël s’unisse à lui, devenant participant et acteur de sa prière et de ce qui est en train d’advenir. Puis le prophète érige un autel, en utilisant, comme le dit le texte, « douze pierres, selon le nombre des tribus des fils de Jacob, à qui le Seigneur s’était adressé en disant : “Ton nom sera Israël” » (v. 31). Ces pierres représentent tout Israël et sont la mémoire tangible de l’histoire d’élection, de prédilection et de salut dont le peuple a été objet. Le geste liturgique d’Elie a une portée décisive ; l’autel est le lieu sacré qui indique la présence du Seigneur, mais ces pierres qui le composent représentent le peuple qui à présent, par la médiation du prophète, est symboliquement placé devant Dieu, devient « autel », lieu d’offrande et de sacrifice.

 

Benoit XVI, 15 juin 2011.

 

 

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Solitude psychologique...

29 Juin 2011, 05:13am

Publié par Father Greg

 


camille-pissaro-la-foire-a-dieppe.jpg"Quoi de plus fatiguant que de concevoir le chaos d'une multitude d'esprits? Chaque pensée dans ce tumulte trouve sa pareille, son adverse, son antécédente et sa suivante? Tant de similitudes, tant d'imprévu la découragent. Imaginez-vous le désordre incomparable qu'entretiennent dix mille êtres essentiellement singuliers?


Songez à la température que peut produire dans ce lieu un si grand nombre d'amours propres qui s'y comparent. Paris enferme et combine, et consomme ou consume la plupart des brillants infortunés que leurs destins ont appelés aux professions délirantes...

Je nomme ainsi tous ces métiers dont le principal instrument est l'opinion que l'on a de soi-même et dont la matière première est l'opinion que les autres ont de vous. Les personnes qui les exercent, vouées à une éternelle candidature, sont nécessairement toujours affligées d'un certain délire des grandeurs qu'un certain délire de persécution traverse et tourmente sans répit. Chez ce peuple d'uniques règnent la loi de faire ce que nul n'a jamais fait, et que nul jamais ne fera. C'est du moins la loi des meilleurs, c'est-à-dire de ceux qui ont le cœur de vouloir nettement quelque chose d'absurde...ils ne vivent que pour obtenir et rendre durable l'illusion d'être seuls (car la supériorité n'est qu'une solitude située sur les limites actuelle d'une espèce). Ils fondent chacun son existence sur l'inexistence des autres, mais auxquels il faut arracher leur consentement qu'ils n'existent pas..."

 

Paul Valéry, monsieur Teste.


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Grandeur de l'Eucharistie...

26 Juin 2011, 05:16am

Publié par Father Greg

 

L'Eucharistie nous est donnée pour que notre vie,  comme celle de Marie, soit tout entière un Magnificat!

 

Les pélerins d'emmaüsL'Eucharistie est avant tout une louange et une action de grâce. Quand Marie s'exclame: « Mon âme exalte le Seigneur et mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur », Jésus est présent en son sein. Elle loue le Père « pour » Jésus, mais elle le loue aussi « en » Jésus et « avec » Jésus. Telle est précisément la véritable « attitude eucharistique ».

 

Ici se trouve le trésor de l'Église, le cœur du monde, le gage du terme auquel aspire tout homme, même inconsciemment.

 

« Qui mange mon chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui. » Jn 6,56. C’est réciproque, comme toujours dans l’amour d’amitié. C’est donc un mystère d’unité. Nous demeurons auprès de Celui que nous aimons, et Celui que nous aimons demeure auprès de nous. C’est le double mouvement de l’amour : le mouvement extatique et le mouvement de réceptivité. Plus qu’on aime, plus qu’on se donne, plus on aime, plus on est capable de recevoir l’autre. Le mystère de l’Eucharistie réalise immédiatement cette réciprocité d’amour.

 

De même qu’envoyé par le Père qui est vivant, moi je vis par le Père, de même celui qui me mange vivra lui aussi par moi.  Jn 6. Il n’est pas possible d’exprimer d’une manière plus forte l’exigence du mystère de l’Eucharistie : il doit nous faire vivre a l’égard de Jésus ce que Jésus vit a l’égard du Père. L’Eucharistie nous fait vivre notre vie de fils bien aimé. ……l’Eucharistie doit progressivement réaliser en nous un mystère de transsubstantiation. La réalité profonde du mystère, c’est que notre cœur est transformé dans le cœur du Christ, notre vie transformée par et en la vie du Christ. De même que lui est tout entier tendu vers le Père, nous sommes tout entiers tendus vers lui. Voilà l’œuvre propre de l’Eucharistie en nous.

 

Je suis le pain de vie.  Jésus est don personnel d’amour d’une manière telle qu’il veut que nous usions divinement de lui pour ne plus faire qu’un avec lui. Il se donne comme pain, entièrement livre, sans rien garder pour lui. Il est entièrement donne, pour que nous puissions user de lui comme le Père use de lui.

 

Si Jésus a institué l’eucharistie, c’est pour nous préparer à la Vision Béatifique, c'est pour anticiper cette rencontre.

 

Au niveau naturel, le vivant qui se nourrit transforme l’aliment en lui. Mais quand  il s’agit de cet aliment divin qu’est l’Eucharistie, c’est tout autre : ce n’est pas nous qui transformons le Christ en nous-mêmes, c’est le Christ qui nous transforme en lui, et s’il se donne comme pain, c’est pour nous faire comprendre que cette transformation est une transformation substantielle dans une unité de vie ;  c’est beaucoup plus qu’une présence.


Perles sur l'Eucharistie...

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MÉDITATION SUR L'APOCALYPSE (II)

11 Juin 2011, 05:31am

Publié par Father Greg

notre péché: la quête de confort.. 

 

dc3a9tailrogervanderweyden1.jpgNous vivons dans un monde qui est dans l'erreur. L'homme naît libre et sans peur. Pourtant, toute notre histoire est comme possédée du désir d'échapper à la nature, de nous défendre. Ce qui nous oblige à nous serrer les uns contre les autres. Nous communiquons non pas par plaisir, mais pour avoir moins peur. Et notre civilisation, notre culture est dans l'erreur dès l'instant où les relations entre les êtres sont fondées là-dessus. Toute la technologie, tous les progrès techniques qui jalonnent l'histoire nous fabriquent en fait des prothèses, pour allonger nos bras, aiguiser notre vue, nous permettre d'aller plus vite, comme si tout cela avait une importance essentielle. Nous nous déplaçons, c'est vrai, beaucoup plus vite que dans les siècles précédents; mais en sommes-nous plus heureux pour autant ?

 

L'individu que nous sommes est en désaccord avec la société. Le problème est qu'au lieu de nous développer avec harmonie, je veux dire à la fois matériellement et spirituellement, notre développement spirituel a pris tellement de retard, que nous sommes comme ensevelis sous une avalanche de progrès techniques dont nous sommes devenus les victimes. Et même si nous le voulons, nous ne pouvons plus nous extraire de cette avalanche. Dès lors qu'il a fallu trouver aussi une nouvelle source d'énergie pour la poursuite du progrès, l'humanité la trouva mais elle fut incapable de l'utiliser correctement. Elle n'était pas moralement prête à s'en servir pour son propre bien. Nous ressemblons à des sauvages qui ne sauraient que faire d'un microcospe électronique et qui l'utiliseraient pour planter un clou ou pour abattre un mur. Nous sommes les esclaves d'une mécanique qu'il est impossible d'arrêter. De plus, avec l'évolution de l'histoire, nous nous sommes convaincus de pouvoir nous entraider et tout a été fait pour la communication et la survie de masse; mais chacun de nous, pris individuellement, ne participe plus à la vie de la société. Seule la masse que nous sommes a conservé un sens; la personne que nous sommes aussi n'a plus aucune importance. Nous avons perdu ce qui nous a été donné de toute origine: la liberté de choix, le libre arbitre. Voilà pourquoi je considère que notre civilisation a fait fausse route.

 

Le philosophe russe Berdiaev a remarqué avec subtilité que dans l'histoire des civilisations, il y avait en quelque sorte deux étapes: la première, l'époque de la culture, quand le développement s'opère de façon plus ou moins harmonieuse sur une base spirituelle; et la seconde, au moment où commence une réaction en chaîne qui ne dépend plus de la volonté de l'homme, quand la culture se perd et que s'instaure la civilisation.

 

 

L'Apocalypse, selon moi, est l'image de l'âme humaine, avec ses responsabilités et ses devoirs. Au fond, chaque être humain expérimente la révélation de saint Jean, chacun la vit et ne peut pas ne pas la vivre. C'est pourquoi, au bout du compte, on peut dire que la souffrance et la mort d'une seule personne sont équivalentes à celles qu'éprouveraient des milllions d'autres personnes à la fin d'un cycle historique. Chaque être humain n'est capable de supporter que la somme de douleurs qui lui est personnellement impartie.


 

ANDREÏ TARKOVSKI, MÉDITATION SUR L'APOCALYPSE,

JUILLET 1984 À LONDRES EN L'EGLISE SAINT JAMES DE PICCADILLY.

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Introduction à la prière (III)

6 Juin 2011, 05:39am

Publié par Father Greg

 

 

 

La prière dialogue entre Dieu et l’homme.

 


416px-Georges_de_La_Tour_014.jpgA Sodome et Gomorrhe, la cruauté des habitants avait atteint son comble, au point qu’une intervention de Dieu était nécessaire pour arrêter le mal qui détruisait ces villes. C’est là qu’intervient Abraham avec sa prière d’intercession. Dieu décide de lui révéler ce qui est sur le point de se produire et lui fait connaître la gravité du mal et ses terribles conséquences, car Abraham est son élu, choisi pour devenir un grand peuple et faire parvenir la bénédiction divine à tout le monde. Sa mission est une mission de salut, qui doit répondre au péché qui a envahi la réalité de l’homme : à travers lui, le Seigneur veut ramener l’humanité à la foi, à l’obéissance, à la justice. Et à présent, cet ami de Dieu s’ouvre à la réalité et au besoin du monde, prie pour ceux qui s’apprêtent à être punis et demande qu’ils soient sauvés.

 

Abraham présente immédiatement le problème dans toute sa gravité, et dit au Seigneur : « Vas-tu vraiment supprimer le juste avec le pécheur ? Peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville. Vas-tu vraiment les supprimer et ne pardonneras-tu pas à la cité pour les cinquante justes qui sont dans son sein ? Loin de toi de faire cette chose-là ! De faire mourir le juste avec le pécheur, en sorte que le juste soit traité comme le pécheur. Loin de toi ! Est-ce que le juge de toute la terre ne rendra pas justice ? » (vv. 23-25). Avec ces paroles, avec un grand courage, Abraham place devant Dieu la nécessité d’éviter une justice sommaire : si la ville est coupable, il est juste de condamner son crime et d’infliger la peine mais — affirme le grand Patriarche — il serait injuste de punir indifféremment tous les habitants. S’il y a des innocents dans la ville, ceux-ci ne peuvent être traités comme des coupables. Dieu, qui est un juge juste, ne peut agir ainsi, dit à raison Abraham à Dieu.

 

Cependant, si nous lisons le texte plus attentivement, nous nous rendons compte que la requête d’Abraham est encore plus sérieuse et plus profonde, car il ne se limite pas à demander le salut pour les innocents. Abraham demande le salut pour toute la ville et il le fait en en appelant à la justice de Dieu. En effet, il dit au Seigneur : « Et ne pardonneras-tu pas à la cité pour les cinquante justes qui sont dans son sein ? » (v. 24b). En agissant ainsi, il met en jeu une nouvelle idée de justice : non pas celle qui se limite à punir les coupables, comme le font les hommes, mais une justice différente, divine, qui cherche le bien et qui le crée à travers le pardon qui transforme le pécheur, le convertit et le sauve. Avec sa prière, Abraham n’invoque donc pas une justice purement rétributive, mais une intervention de salut qui, tenant compte des innocents, libère de la faute également les impies, en leur pardonnant. La pensée d’Abraham, qui semble presque paradoxale, peut ainsi être synthétisée : on ne peut pas, bien évidemment, traiter les innocents comme les coupables, cela serait injuste, il faut en revanche traiter les coupables comme les innocents, en mettant en œuvre une justice « supérieure », en leur offrant une possibilité de salut, car si les malfaiteurs acceptent le pardon de Dieu et confessent leur faute en se laissant sauver, ils ne continueront plus à faire le mal, ils deviendront eux aussi justes, sans qu’il ne soit plus nécessaire de les punir.

 

Telle est la requête de justice qu’Abraham exprime dans son intercession, une requête qui se fonde sur la certitude que le Seigneur est miséricordieux. Abraham ne demande pas à Dieu une chose contraire à son essence. Il frappe à la porte du cœur de Dieu en connaissant sa véritable volonté. Assurément, Sodome est une grande ville, cinquante justes semblent peu de chose, mais la justice de Dieu et son pardon ne sont-ils peut-être pas la manifestation de la force du bien, même s’il semble plus petit et plus faible que le mal ? La destruction de Sodome devait arrêter le mal présent dans la ville, mais Abraham sait que Dieu a d’autres manières et moyens pour mettre un frein à la diffusion du mal. C’est le pardon qui interrompt la spirale du péché, et c'est exactement ce à quoi Abraham fait appel, dans son dialogue avec Dieu. Et lorsque le Seigneur accepte de pardonner à la ville s’il y trouve cinquante justes, sa prière d’intercession commence à descendre vers les abîmes de la miséricorde divine. Abraham — comme nous le savons — fait progressivement diminuer le nombre des innocents nécessaires pour le salut : s’ils ne sont pas cinquante, quarante-cinq pourraient suffire, et ensuite toujours moins, jusqu’à dix, en continuant avec sa supplication, qui devient presque hardie dans son insistance : « Peut-être n’y en aura-t-il que quarante... trente... vingt... dix... » (cf. vv. 29.30.31.32). Et plus le nombre devient petit, plus grande se révèle et se manifeste la miséricorde de Dieu, qui écoute avec patience la prière, l’accueille et répète à chaque supplication : « je pardonnerai... je ne détruirai pas... je ne le ferai pas » (cf. vv. 26.28.29.30.31.32).

 

Ainsi, par l’intercession d’Abraham, Sodome pourra être sauve, si on n’y trouve ne serait-ce que dix innocents. Telle est la puissance de la prière. Car à travers l’intercession, la prière à Dieu pour le salut des autres, se manifeste et s’exprime le désir de salut que Dieu nourrit toujours envers l’homme pécheur. En effet, le mal ne peut être accepté, il doit être signalé et détruit à travers la punition : la destruction de Sodome avait précisément cette fonction. Mais le Seigneur ne veut pas la mort du méchant, mais qu’il se convertisse et vive (cf. Ez 18, 23 ; 33, 11) ; son désir est toujours celui de pardonner, de sauver, de donner vie, de transformer le mal en bien. Eh bien, c’est précisément ce désir divin qui, dans la prière, devient le désir de l’homme et s’exprime à travers les paroles de l’intercession. Avec sa supplication, Abraham prête sa voix, mais aussi son cœur, à la volonté divine : le désir de Dieu est miséricorde, amour et volonté de salut, et ce désir de Dieu a trouvé en Abraham et dans sa prière la possibilité de se manifester de manière concrète à l’intérieur de l’histoire des hommes, pour être présent là où la grâce est nécessaire. A travers la voix de sa prière, Abraham donne voix au désir de Dieu, qui n’est pas celui de détruire, mais de sauver Sodome, de donner vie au pécheur converti.

 

C'est ce que veut le Seigneur, et son dialogue avec Abraham est une manifestation prolongée et sans équivoque de son amour miséricordieux. La nécessité de trouver des hommes justes à l’intérieur de la ville devient de moins en moins exigeante et à la fin il en suffira dix pour sauver la totalité de la population. Pour quelle raison Abraham s'arrête-t-il à dix, le texte ne le dit pas. Peut-être est-ce un nombre qui indique un noyau communautaire minimum (encore aujourd'hui, dix personnes sont le quorum nécessaire pour la prière publique juive). Quoi qu'il en soit, il s'agit d'un petit nombre, une petite parcelle de bien de laquelle partir pour sauver un grand mal. Mais on ne put même pas trouver dix justes à Sodome et Gomorrhe, et la ville fut détruite. Une destruction dont la nécessité est paradoxalement témoignée précisément par la prière d'intercession d'Abraham. Parce que c'est précisément cette prière qui a révélé la volonté salvifique de Dieu : le Seigneur était disposé à pardonner, il souhaitait le faire, mais les villes étaient enfermées dans un mal totalisant et paralysant, sans même un petit nombre d'innocents desquels partir pour transformer le mal en bien. Parce que c'est précisément ce chemin du salut que demandait lui aussi Abraham : être sauvés ne signifie pas simplement échapper à la punition, mais être libérés du mal qui nous habite. Ce n'est pas le châtiment qu'il faut éliminer, mais le péché, ce refus de Dieu et de l'amour qui porte déjà en soi le châtiment. Le prophète Jérémie dira au peuple rebelle : « Que ta méchanceté te châtie et que tes infidélités te punissent ! Comprends et vois comme il est mauvais et amer d'abandonner Yahvé ton Dieu » (Jer 2, 19). C'est de cette tristesse et de cette amertume que le Seigneur veut sauver l'homme en le libérant du péché. Mais il faut alors une transformation de l'intérieur, quelque point d'appui de bien, un commencement d'où partir pour transformer le mal en bien, la haine en amour, la vengeance en pardon. C'est pourquoi les justes doivent être à l'intérieur de la ville, et Abraham répète sans cesse : « peut-être s'en trouvera-t-il là... ». « Là », c'est à l'intérieur de la réalité malade que doit se trouver ce germe de bien qui peut guérir et redonner la vie. C'est une parole qui s'adresse aussi à nous : que dans nos villes se trouve le germe de bien et que nous fassions tout pour qu'il n'y ait pas seulement dix justes pour faire réellement vivre et survivre nos villes et pour nous sauver de cette amertume autour de laquelle il y a l'absence de Dieu. Et dans la réalité malade de Sodome et Gomorrhe ce germe de bien n'existait pas.

 

Mais la miséricorde de Dieu dans l'histoire de son peuple s'élargit encore davantage. Si pour sauver Sodome il fallait dix justes, le prophète Jérémie dira, au nom du Tout-Puissant, qu'il suffit d'un seul juste pour sauver Jérusalem : « Parcourez les rues de Jérusalem, regardez donc, renseignez-vous, cherchez sur ses places si vous découvrez un homme, un qui pratique le droit, qui recherche la vérité alors je pardonnerai à cette ville » (5, 1). Le nombre a encore diminué, la bonté de Dieu se montre encore plus grande. Et pourtant cela ne suffit pas encore, la miséricorde surabondante de Dieu ne trouve pas la réponse de bien qu'elle cherche, et Jérusalem tombe sous l'assaut de l'ennemi. Il faudra que Dieu lui-même devienne ce juste. C'est le mystère de l'Incarnation : pour garantir un juste il se fait homme. Le juste sera toujours là puisque c'est Lui : mais il faut que Dieu lui-même devienne ce juste. L’infini et surprenant amour divin sera pleinement manifesté lorsque le Fils de Dieu se fera homme, le Juste définitif, le parfait Innocent, qui apportera le salut au monde entier en mourant sur la croix, en pardonnant et en intercédant pour ceux qui « ne savent pas ce qu'ils font » (Lc 23, 34). Alors la prière de chaque homme trouvera sa réponse, chacune de nos intercessions sera alors pleinement exaucée.

 

Benoit XVI, 18 mai 2011.


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Notre vie, notre monde nous échappe...

28 Mai 2011, 05:46am

Publié par Father Greg

 

stlazare« Il arrive que les décors s'écroulent. Lever, tramway, quatre heures de bureau ou d'usine, repas, tramway, quatre heures de travail, repas, sommeil et lundi mardi mercredi jeudi vendredi et samedi sur le même rythme, cette route se suit aisément la plupart du temps. Un jour seulement, le « pourquoi » s'élève et tout commence dans cette lassitude teintée d'étonnement. « Commence », ceci est important. La lassitude est à la fin des actes d'une vie machinale, mais elle inaugure en même temps le mouvement de la conscience. Elle l'éveille et elle provoque la suite. La suite, c'est le retour inconscient dans la chaîne, ou c'est l'éveil définitif. Au bout de l'éveil vient, avec le temps, la conséquence : suicide ou rétablissement. En soi, la lassitude a quelque chose d'écœurant. Ici je dois conclure qu'elle est bonne. Car tout commence par la conscience et rien ne vaut que par elle. Ces remarques n'ont rien d'original. Mais elles sont évidentes : cela suffit pour un temps, à l'occasion d'une reconnaissance sommaire dans les origines de l'absurde. Le simple « souci » est à l'origine de tout.

 

De même et pour tous les jours d'une vie sans éclat, le temps nous porte. Mais un moment vient toujours où il faut le porter. Nous vivons sur l'avenir : « demain », « plus tard », « quand tu auras une situation », « avec l'âge tu comprendras ». Ces inconséquences sont admirables, car enfin il s'agit de mourir. Un jour vient pourtant et l'homme constate ou dit qu'il a trente ans. Il affirme ainsi sa jeunesse. Mais du même coup, il se situe par rapport au temps. Il y prend sa place. Il reconnaît qu'il est à un certain moment d'une courbe qu'il confesse devoir parcourir. Il appartient au temps et, à cette horreur qui le saisit, il y reconnaît son pire ennemi. Demain, il souhaitait demain, quand tout lui-même aurait dû s'y refuser. Cette révolte de la chair, c'est l'absurde. Un degré plus bas et voici l'étrangeté : s'apercevoir que le monde est « épais », entrevoir à quel point une pierre est étrangère, nous est irréductible, avec quelle intensité la nature, un paysage peut nous nier.

 

Au fond de toute beauté gît quelque chose d'inhumain et ces collines, la douceur du ciel, ces dessins d'arbres, voici qu'à la minute même, ils perdent le sens illusoire dont nous les revêtions, désormais plus lointains qu'un paradis perdu. L'hostilité primitive du monde, à travers les millénaires, remonte vers nous. Pour une seconde, nous ne le comprenons plus puisque pendant des siècles nous n'avons compris en lui que les figures et les dessins que préalablement nous y mettions, puisque désormais les forces nous manquent pour user de cet artifice. Le monde nous échappe puisqu'il redevient lui-même. Ces décors masqués par l'habitude redeviennent ce qu'ils sont. Ils s'éloignent de nous. De même qu'il est des jours où, sous le visage familier d'une femme, on retrouve comme une étrangère celle qu'on avait aimée il y a des mois ou des années, peut-être allons-nous désirer même ce qui nous rend soudain si seuls. Mais le temps n'est pas encore venu. Une seule chose : cette épaisseur et cette étrangeté du monde, c'est l'absurde. »

 

A.Camus, le mythe de Sisyphe.

 

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tu es un Dieu caché...

9 Mai 2011, 06:20am

Publié par Father Greg

 

 

69.JPG « Dieu se cache ordinairement, et se découvre rarement à ceux qu’il veut attirer. Cet étrange secret, dans lequel Dieu s’est retiré, impénétrable à la vue des hommes, est une grande leçon pour nous porter à la solitude loin de la vue des hommes. Il est demeuré caché, sous le voile de la nature qui nous le couvre, jusque l’Incarnation; et quand il a fallu qu’il ait paru, il est encore plus caché en se couvrant de l’humanité.

 

Il était bien plus reconnaissable quand il était invisible, que non pas quand il s’est rendu visible. Et enfin, quand il a voulu accomplir la promesse qu’il fit à ses apôtres de demeurer avec les hommes jusqu’à son dernier avènement, il a choisi d’y demeurer dans le plus étrange et le plus obscur secret de tous, qui sont les espèces de l’Eucharistie.

 

C’est ce sacrement que saint Jean appelle dans l’Apocalypse une manne cachée; et je crois qu’Isaïe le voyait en cet état, lorsqu’il dit en esprit de prophétie: « Véritablement tu es un Dieu caché. »

Pascal. Lettre à Melle de Roannez, 1656.

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Il est où, Dieu ?

22 Avril 2011, 14:00pm

Publié par Father Greg

 

l-erection-de-la-croix.jpgTrois hommes, deux adultes et un enfant, sont arrêtés dans le camp d’Auschwitz. Ils fomentaient une rébellion. Ils vont être pendus.


Tous les détenus sont appelés au rassemblement, parmi eux, le jeune Elie Wiesel. Les condamnés sont debout sur une chaise, la corde au cou, face à la foule des détenus.


« Où est le Bon Dieu, où est-il ? » demanda quelqu’un derrière moi.

Sur un signe du chef du camp, les trois chaises basculèrent.

Les deux adultes ne vivaient plus… Mais la troisième corde n’était pas immobile, si léger, l’enfant vivait encore.

Derrière moi, j’entendis le même homme demander :  Où est Dieu?

Et je sentais en moi une voix qui lui répondait:

Où Il est ?  Le voici – il est pendu ici, à cette potence. »

 

Elie Wiesel, La nuit.


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Je ne me juge pas moi-même...

1 Avril 2011, 08:09am

Publié par Father Greg

 

 

 

ste-Therese-enfant.jpg « Ce qui plaît au bon Dieu, c'est de me voir aimer ma petitesse et ma pauvreté, c'est l'espérance aveugle que j'ai en sa miséricorde... Voilà mon seul trésor ».

 

« Pour aimer Jésus, être sa victime d'amour, plus on est faible et misérable, plus on est propre aux opérations de cet amour consumant et transformant... Le seul désir d'être victime suffit; mais il faut consentir à rester toujours pauvre et sans force, et voilà le difficile, car le véritable pauvre d'esprit, où le trouver? Il faut le chercher bien loin, dit l'auteur de l'Imitation... Il ne dit pas qu'il faut le chercher parmi les grandes âmes, mais bien loin, c'est-à-dire dans la bassesse, dans le néant... Ah ! restons donc bien loin de tout ce qui brille, aimons notre petitesse, aimons à ne rien sentir; alors nous serons pauvres d'esprit, et Jésus viendra nous chercher, si loin que nous soyons ; il nous transformera en flammes d'amour!...C'est la confiance et rien que la confiance qui doit nous conduire à l'Amour... »

Ste Thérèse de l’enfant-Jésus. Lettre 197.

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J’ai soif...

24 Mars 2011, 09:08am

Publié par Father Greg

 

 

Mes chers enfants,

57.jpg  Jésus veut que je vous répète encore une fois à quel point il aime chacun d’entre vous au-delà de tout ce que vous pouvez imaginer. J’ai peur que certains d’entre vous n’aient pas encore vraiment rencontré Jésus, face à face, seulement vous et Jésus. Nous passons du temps dans la chapelle mais avez-vous vu son regard d’amour avec les yeux de votre âme ? Connaissez-vous vraiment le Jésus vivant, non pas à travers les livres, mais à travers sa présence dans votre cœur ? Avez-vous entendu ses mots d’amour ?

 

Demandez la grâce, il veut vous la donner. Ne renoncez jamais à ce contact intime quotidien avec Jésus, en tant que personne vivante et non pas seulement en tant qu’idée.

 

Comment pouvons-nous passer une seule journée sans entendre Jésus nous dire « je t’aime » ? Impossible. Notre âme en a besoin tout autant que notre corps a besoin d’air pour respirer. Sinon, la prière est morte – la méditation n’est qu’une pensée sèche. Jésus veut que chacun d’entre vous l’entende – il parle dans le silence de votre cœur.

 

Prenez garde à tout ce qui peut gêner ce contact personnel avec Jésus vivant. Les coups de la vie, et parfois nos propres erreurs, peuvent nous donner l’impression qu’il est impossible que Jésus vous aime vraiment, tienne véritablement à vous. C’est un danger qui vous menace tous. Et un danger si triste, car c’est l’exact opposé de ce que Jésus veut vous dire, de ce qu’Il attend de vous dire.

 

Non seulement il vous aime, et même plus : il vous désire. Vous lui manquez quand vous êtes loin de lui. Il a soif de vous. Il vous aime toujours, même quand vous vous en sentez indignes. Même quand les autres vous rejettent, même quand vous vous rejetez – il est celui qui vous accepte toujours.

 

Mes enfants, vous n’avez pas besoin d’être différents pour que Jésus vous aime. Ayez seulement la foi, vous lui êtes précieux. Amenez toutes vos souffrances à ses pieds, ouvrez-lui seulement votre cœur pour qu’il vous aime comme vous êtes. Il fera le reste.

Vous savez tous que Jésus vous aime mais dans cette lettre c' est votre cœur que Mère veut toucher, pas votre raison. Jésus veut éveiller vos cœurs pour ne pas perdre notre amour précoce (…).

 

Après avoir lu la lettre (de Jean-Paul II) sur « J’ai soif », je ne peux vous dire à quel point j’ai été frappée. Sa lettre m’a fait comprendre plus que plus jamais la beauté de notre vocation. Comme l’amour de Dieu pour nous est grand quand il nous choisit pour apaiser la soif d’amour de Jésus – nous conférant notre place spéciale dans l’Eglise. En même temps, nous n’oublions pas le monde de cette soif, quelque chose qui avait été mis de côté.

J’ai écrit au Saint-Père pour le remercier. Sa lettre est le signe que chacun d’entre nous doit aller plus avant dans la soif de Jésus. C’est également le signe que le moment est venu de parler, ouvertement du cadeau que Dieu m’a offert le 10 septembre, d’expliquer autant que possible ce que la soif de Jésus signifie pour moi ;

 

Pour moi, la soif de Jésus est quelque chose de si intime que je n’ai pas osé vous parler du 10 septembre avant, je voulais faire comme Notre-Dame qui a « gardé toutes ces choses dans son cœur ». Les mots de Jésus sur le mur de toutes les chapelles M.C. ne viennent pas seulement du passé, ils sont vivants ici et maintenant, ils vous sont adressés. Comprenez-vous ? Dans ce cas, vous entendrez, vous sentirez sa présence. Laissez-la devenir aussi intime pour chacun d’entre vous qu’elle l’a été pour Mère, c’est la plus grande joie que vous pourriez me donner.

 

Jésus lui-même doit vous dire « J’ai soif ». Entendez votre propre nom. Pas une seule fois, mais tous les jours. Si vous écoutez avec votre cœur, vous entendrez, vous comprendrez.

 

Pourquoi Jésus dit « J’ai soif » ? Qu’est-ce que cela signifie ? Si vous devez retenir quelque chose de la lettre de Mère, retenez ceci : « J’ai soif » est bien plus profond que Jésus vous disant « Je vous aime ». Tant que vous ne savez pas au plus profond de vous que Jésus a soif de vous, vous ne pouvez pas savoir qui il veut être pour vous. Ou qui il veut que vous soyez pour lui.

 

Ecoutez la soif de Jésus. Comment approcher la soif de Jésus ? Un seul secret : plus vous serez proches de Jésus, mieux vous connaîtrez sa soif. Jésus nous disait : « se repentir et croire ». Pourquoi devons-nous nous repentir ? Pour notre indifférence, la dureté de notre cœur. En quoi devons-nous croire ? Jésus à soif, même maintenant, dans votre cœur et dans les pauvres, il connaît votre faiblesse. Il veut seulement votre amour, il veut seulement la chance de vous aimer. Il n’est pas pressé par le temps. Quand nous sommes proches de lui – nous devenons les compagnons de Notre-Dame, saint Jean, sainte Madeleine. Entendez-le. Entendez votre propre nom. Rendez ma joie et la vôtre totales.

 

Mère Térésa, Lettre de Varanasi.


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Le silence, manifestation de Dieu...

12 Mars 2011, 08:07am

Publié par Father Greg

 

Si personne ne m’écoute plus, Dieu m’écoute encore. Si je ne peux plus parler avec personne, si je ne peux plus invoquer personne – je peux toujours parler à Dieu. S’il n’y a plus personne qui peut m’aider – là où il s’agit d’une nécessité ou d’une attente qui dépasse la capacité humaine d’espérer, Lui peut m’aider. Celui qui prie n’est jamais totalement seul.

Benoit XVI, Spe Salvi.

 

 

edvard-munch-soir-d-ete.jpg « Ceci a trait à notre méprise concernant ce que nous appelons « dialogue» avec Dieu. Nous disons volontiers que Dieu parle lorsque des idées, des discours, des suggestions nous viennent à l'esprit en pensant à Dieu à propos de nos préoccupations. Le fonctionnement agile de notre esprit nous rend heureux et nous attribuons ce bonheur à la joie d'avoir conversé avec Dieu : mais rien n'est moins sûr.

 

Peut-être alors vaut-il mieux que Dieu se taise, en effet. Il y a davantage de chances que nous ne confondions pas sa Parole avec les nôtres. Il se tait et il nous regarde et il épie nos réactions. Il se tait et il nous aime et c'est pourquoi il voudrait nous donner tellement autre chose que ce que nous souhaitons naïvement d'entendre. Il voudrait nous faire un don tellement nouveau, tellement formidable, tellement inattendu ! Il voudrait nous donner simplement ce Jésus qui est le tout de ce qu'il peut nous dire, et que nous ne connaissons pas encore, car si nous le connaissions, nous n'oserions jamais prétendre que Dieu se tait... »

A.-M. Besnard, Propos intempestifs sur la prière.


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Trop de pureté épuise...

23 Février 2011, 19:07pm

Publié par Father Greg

 

 

 

525 « Comme je suis contente que Dieu ne soit pas un Saint ! Si un Saint avait créé le monde, il aurait créé la colombe, il n’aurait pas créé le serpent. Il aurait créé la colombe ?…Il n’aurait pas créé « mâle et femelle », il n’aurait pas osé créer l’Amour, il n’aurait pas osé créer le Printemps qui trouble toute chair au monde.


Et toutes les fleurs auraient été blanches. Dieu soit loué ! Dieu en a fait de toutes les couleurs. Dieu n’est pas un Saint. Dans son œuvre hardie, Il ne s’est pas soucié des disciples et de l’édification des Saints et s’Il était homme au lieu d’être Dieu, Il aurait encouru la censure des Saints…j’entends Bossuet : « Otez ce parfum qui damne, ôtez cette fleur… »

 

Pourtant, Vous êtes Saint, ô mon Dieu,  Saint qui sanctifiez le Saint, mais Vous êtes aussi Créateur qui fécondez l’Artiste. Autre est la grâce de l’Artiste, autre est la grâce du Saint et pourtant elles sont la même : le don de Vous, ô mon Dieu, de Vous si grand que partent de Vous et mènent à Vous ces voies de sainteté et de beauté qui, semble-t-il, s’opposent. Et c’est votre grandeur qui me rassure et m’empêche de trembler quand les Saints me troublent en réduisant tous les chemins à une seule route. Ne crains pas. Sois parfaite de ton mieux, ô mon Âme ; non comme tel ou tel homme est parfait, mais comme toi-même dois l’être, selon toi-même.

 

Toutes les perfections sont en Dieu : la lueur, la tienne. Monte par le chemin à toi, monte ! 

 

Marie-Noël. Notes Intimes. 


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Lumière obscure...

16 Février 2011, 08:47am

Publié par Father Greg

 

 

Norham-Castle-by-Joseph-Mallord-Turner.jpg La foi, disent les théologiens, est une habitude de l'âme, certaine et obscure à la fois. Elle est obscure parce qu'elle nous propose des vérités révélées de Dieu même, qui surpassent toute lumière naturelle, qui excèdent...toute compréhension humaine quelle qu'elle soit. De là vient que cette lumière excessive fournie par la foi devient pour l'âme de profondes ténèbres. Une force supérieure, on le sait, surmonte et fait défaillir une force moindre. Ainsi le soleil éclipse toutes les autres lumières, au point que lorsque celui-là resplendit, celles-ci ne semblent plus, à proprement parler, des lumières. En outre, son éclat dépasse totalement notre puissance visuelle quand il est dans sa force, en sorte qu'au lieu de la faire voir, il l'aveugle, parce qu'il est excessif et hors de proportion avec notre vue. De même la lumière de la foi, par son excès prodigieux, accable et fait défaillir la lumière de notre intelligence...


      Je prends un autre exemple... supposez une personne née aveugle, et qui par conséquent n'a jamais vu les couleurs. Si vous cherchez à lui faire comprendre ce que c'est que le blanc et le jaune, vous aurez beau accumuler les explications, elle n'en retirera aucune connaissance directe, parce qu'elle n'a jamais vu ces couleurs...; il ne lui en restera dans l'esprit que le nom, qu'elle a reçu par l'ouïe... Il en est de même de la foi à l'égard de l'âme. Elle nous dit des choses que nous n'avons jamais vues ni connues...; nous n'avons à leur égard aucun rayon de connaissance naturelle... Mais nous les savons par l'ouïe, en croyant ce qui nous est enseigné..., en aveuglant en nous la lumière naturelle. En effet, comme dit saint Paul : « La foi naît de ce qu'on entend »
(Rm 10,17). Comme s'il disait : La foi n'est pas une science qui entre en nous par les sens, c'est un assentiment de l'âme à ce qui entre par l'ouïe... Il est donc évident que la foi est pour l'âme une nuit profonde ; mais c'est par son obscurité même qu'elle l'éclaire et plus elle la plonge dans les ténèbres, plus elle l'illumine de ses rayons. En effet, c'est en aveuglant qu'elle éclaire, selon la parole d'Isaïe (7,9) : « Si vous ne croyez pas, vous ne comprendrez pas ».

 

 Saint Jean de la Croix, La Montée du Carmel.


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S’éveiller à la lumière...

15 Février 2011, 00:33am

Publié par Father Greg

 

 

  « Je levai les bras et invoquai la Vérité Éternelle ; non, ce ne fut pas une invocation mais des pleurs. Mon être entier fut soulevé par un ravissement, par une exaltation immense. J’ai vu la vérité, – mon esprit ne l’a pas conçue mais je l’ai vue. Et l’image vivante de cette Vérité remplit mon âme à tout jamais. »

Fédor Dostoïevski.

 

 


 

emil-nolde-soleil-couchant.jpg  La Recherche du temps perdu, c’est splendide... et inutile, et je m’y suis égaré un temps avec délectation. Le contraire de ce livre, c’est L’idiot, de Dostoïevski. Je n’ai jamais rencontré d’adorateurs de Dostoïevski, mais des gens qui avaient été brûlés par cette lecture. Il parle des âmes comme de l’enjeu d’une bataille quand Proust parle du moi. Proust est un esthète et Dostoïevski un vivant.

 

Je n’ai plus envie d’avoir cette indulgence paresseuse qui consiste à mettre n’importe quel auteur à côté de n’importe quel autre : on ne peut pas aimer de la même façon ceux qui éveillent et ceux qui égarent.

 

Étrangement aujourd’hui, on voudrait nous faire croire qu’il n’y a de lucidité que celle de la mort : il s’agit de gratter l’azur jusqu’à découvrir un ciel noir. Si on cherche autre chose on vous accuse de chercher une consolation, et comme ce désabusement épouse parfaitement l’effondrement maladif de l’époque, tout est verrouillé.

 

C’est le feu qui décide, le feu de l’esprit, et il passe où il veut. Il n’a besoin pour prendre que d’un bois sec, c’est-à-dire d’un cœur ferme. La lumière du monde ne vient pas du monde : elle vient de l’embrasement de ces cœurs purs, épris plus que d’eux-mêmes de la simplicité radicale du ciel bleu, d’un geste généreux ou d’une parole fraîche.

 

 

 

Christian BOBIN, La Lumière du monde.


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Quelle lumière?

29 Janvier 2011, 10:26am

Publié par Father Greg

 

 

 

 

L’homme du sérieux est un des plus puérils qui soient. Il se penche sur sa vie comme l’écolier sur sa copie. Il s’applique et se scandalise de l’indulgence du maître pour les mauvais élèves qui savent que la vie est parfois grave, souvent légère – jamais sérieuse.

 

C. Bobin. Eloignement du monde.


 

 

 

 

vincent-van-gogh-la-nuit-etoilee-sur-le-rhone.jpg Le cœur est un instrument d’optique bien plus puissant que les télescopes de la Nasa. C’est le plus puissant organe de connaissance, et c’est une connaissance qui se fait sans aucune préméditation, comme si ce n’était plus nous qui faisions attention à l’autre, comme s’il n’y avait plus qu’une attention pure et une bienveillance fondée sur la connaissance de notre mortalité commune.

 

Marcher dans la nature, c’est comme se trouver dans une immense bibliothèque où chaque livre ne contiendrait que des phrases essentielles. On est alors dans la formule de saint Jean, qui dit que, si on écrivait une à une toutes les choses que Jésus a faites, le monde ne pourrait pas contenir les livres qu’on écrirait.

 

Les scientifiques me font rire : ils vont déréaliser le fauteuil sur lequel je suis assis, jusqu’à le réduire à un assemblage d’atomes, mais si on se risque à leur parler de l’invisible, ils vous perçoivent comme un barbare. Ils veulent bien qu’il y ait un mystère par en dessous, mais pas par au-dessus.

 

Il y a des endroits dans le monde dont la simple vue nous décolle l’âme tellement c’est triste : ce sont les endroits où l’argent a tué l’âme. 

 

Le mieux est de ne se faire aucune illusion sur l’histoire des sociétés. Je pense qu’aucune n’a accueilli la lumière, et pourtant notre époque est pire : c’est la première fois qu’on a supprimé le ciel.

 

La véritable connaissance, c’est quand on est attendri par quelqu’un : le ciel qui est en nous cherche les petits morceaux de ciel qui sont en exil sur cette terre.

 

Christian Bobin, La Lumière du monde.

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Prophète de l’Amour

24 Janvier 2011, 15:28pm

Publié par Father Greg


Soyez patient avec tout le monde, mais surtout avec vous-même.

 

      enfants de Marthe4   Faites comme les petits enfants qui de l'une des mains se tiennent à leur père, et de l'autre cueillent des fraises ou des mûres le long des haies ; car, de même, amassant et maniant les biens de ce monde de l'une de vos mains, tenez toujours de l'autre la main du Père céleste, vous tournant de temps en temps vers lui, pour voir s'il a agréable vos activités ou vos occupations.

 

Gardez-vous bien surtout de quitter sa main et sa protection, car vous ne ferez point de pas sans donner du nez en terre.


Je veux dire que quand vous serez parmi les affaires et occupations  communes, qui ne requièrent pas une attention si forte et si pressante, vous regardiez plus Dieu que les affaires ; et quand les affaires sont de si grande importance qu'elles requièrent toute votre attention pour être bien faites, de temps en temps vous regarderez à Dieu, comme font ceux qui naviguent en mer, lesquels, pour aller à la terre qu'ils désirent, regardent plus en haut au ciel que non pas en bas où ils voguent.


Une demi-heure d’oraison est essentielle, sauf quand on est très occupé. Alors, une heure est nécessaire…

 

St François de Sales.


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Temps ordinaire...

12 Janvier 2011, 17:54pm

Publié par Father Greg

 

 

 

 

 

« Vous voilà, mon Dieu.  eugene-delacroix-l-orpheline-au-cimetiere

Vous me cherchiez? Que me voulez-vous ? Je n'ai rien à Vous donner.

Depuis notre dernière rencontre, je n'ai rien mis de côté pour Vous. Rien...

Pas une bonne action. J'étais trop lasse. Rien...

Pas une bonne parole. J'étais trop triste.

Rien que le dégoût de vivre, l'ennui, la stérilité.
- Donne !

- La hâte, chaque jour, de voir la journée finie, sans servir à rien;

le désir de repos loin du devoir et des œuvres, le détachement du bien à faire,

le dégoût de Vous, ô mon Dieu !

- Donne !

- La torpeur de l'âme, le remords de ma mollesse et la mollesse plus forte que le remords...
- Donne !

- Des troubles, des épouvantes, des doutes ...

- Donne !

- Seigneur, voilà que, comme un chiffonnier, Vous allez ramasser des déchets, des immondices. Qu'en voulez-Vous faire, Seigneur ?

- Le Royaume des Cieux ! »


Marie-Noel. Notes Intimes.


 


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Dévotion...

9 Janvier 2011, 21:51pm

Publié par Father Greg

 

Ô Notre-Dame des Relous,  titien-cain-et-abel.jpg

Tendre mère des fâcheux de toute sorte

Qui par votre indulgence ineffable

Savez supporter avec miséricorde tous les boulets de la terre,

Prenez en pitié nos pauvres cœurs excédés.

Nul n’a jamais su vous faire sortir de vos gonds

Et jamais vous n’avez manifesté la moindre lassitude,

Malgré l’armée de casse-pieds qui a dû se bousculer à votre porte,

Sans oublier tous ces enquiquineurs qui,

Jour après jour,

Depuis votre bienheureuse montée au Ciel,

Refusent de vous accorder le moindre repos.

Enseignez à nos cœurs la même patience

Face à ces emmerdeurs qui nous cernent de toutes parts ;

Donnez-nous la force de les endurer en silence,

Voire même celle – surhumaine – de les bénir !

Tout spécialement ce chieur de…

[nom de la personne qui nous empoisonne],

Afin de ne pas nous laisser sombrer dans la critique à son égard.

Et si votre bienveillance maternelle se laissait toucher par notre misère,

De grâce, prenez-nous en pitié :

Notre-Dame des Relous,

Délivrez-nous de tous les relous.

(Mais vite...)

 Auteur Inconnu

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Hymne à Dieu...

8 Janvier 2011, 17:03pm

Publié par Father Greg

 

 

 

O toi,  l'au-delà de tout turner46

N'est-ce pas là tout ce qu'on peut chanter de toi ? 
Quelle hymne te dira, quel langage ? 
Aucun mot ne t'exprime. 
A quoi s'attachera-t-il ? 
Tu dépasses toute intelligence. 

Seul, tu es indicible, car tout ce qui se dit est sorti de toi. 
Seul, tu es inconnaissable, car tout ce qui se pense est sorti de toi. 
Tous les êtres, ceux qui pensent et ceux qui n'ont point la pensée, 
te rendent hommage. 

Le désir universel, l'universel gémissement tend vers toi. 
Tout ce qui est te prie, et vers toi tout être qui pense ton univers 
fait monter une hymne de silence. 

Tout ce qui demeure, demeure par toi; 
par toi subsiste l'universel mouvement.

De tous les êtres tu es la fin; 
tu es tout être, et tu n'en es aucun.

Tu n'es pas un seul être; 
tu n'es pas leur ensemble ;

tu as tous les noms et comment te nommerais-je, 
toi qu'on ne peut nommer? 

Quel esprit céleste pourra pénétrer les nuées qui couvrent le ciel même? 
Prends pitié, 0 toi l'au-delà de tout

n'est-ce pas là tout ce qu'on peut chanter de toi ? 


Grégoire de Nazianze (IVe siècle) 

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Quel bonheur...?

7 Janvier 2011, 00:11am

Publié par Father Greg

 

 

« Beaucoup naissent aveugles paul-cezanne-vieil-homme

et ne s’en aperçoivent que le jour où la vérité leur crève les yeux…

A force de ne jamais réfléchir,

on a un bonheur stupide.

A force de plaisirs

notre bonheur s’abime.

Le bonheur exige du talent.

Le malheur pas.

On se laisse aller. On s’enfonce.

C’est pourquoi le malheur plaît

et le bonheur effraye la foule. » 

Jean Cocteau.

 

 

« Plus on est semblable à tout le monde, plus on est ‘comme il faut’ ! C'est le sacre de la multitude.... Ainsi, on dit d’un homme qu’il est 'raisonnable', comme les putains disent d’un client qu’il est sérieux…»                                                                    

Léon Bloy.

 

« Il est si facile de se haïr ! La grâce est de s'oublier... Mais si tout orgueil était mort en nous, la grâce des grâces serait de s'aimer humblement soi-même... » 

        Georges Bernanos.   


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Il est plus présent à nous même que nous-même...

5 Janvier 2011, 15:11pm

Publié par Father Greg

 

 

« Toi, tu es plus intime à moi-même que moi-même »

 

Bien tard je t’ai aimée,   Light and Color by Joseph Mallord Turner
ô beauté si ancienne et si nouvelle,
bien tard je t’ai aimée !
Et voici que tu étais au-dedans, et moi au-dehors
et c’est là que je te cherchais,
et sur la grâce de ces choses que tu as faites,
pauvre disgracié, je me ruais !
Tu étais avec moi et je n’étais pas avec toi ;
elles me retenaient loin de toi, ces choses qui pourtant,
si elles n’existaient pas en toi, n’existeraient pas !

Tu as appelé, tu as crié et tu as brisé ma surdité ;
tu as brillé, tu as resplendi et tu as dissipé ma cécité ;
tu as embaumé, j’ai respiré et haletant j’aspire à toi ;
j’ai goûté, et j’ai faim et j’ai soif ;
tu m’as touché et je me suis enflammé pour ta paix.

Quand j’aurai adhéré à toi de tout moi-même,
nulle part il n’y aura pour moi douleur et labeur,
et vivante sera ma vie toute pleine de toi.
Mais maintenant, puisque tu allèges celui que tu remplis,
n’étant pas rempli de toi je suis un poids pour moi.
Il y a lutte entre mes joies dignes de larmes
et les tristesses dignes de joie ;
et de quel côté se tient la victoire, je ne sais.
Il y a lutte entre mes tristesses mauvaises
et les bonnes joies ;
et de quel côté se tient la victoire, je ne sais.

Ah ! malheureux ! Seigneur, aie pitié de moi.
Ah ! malheureux ! voici mes blessures, je ne les cache pas :
tu es médecin, je suis malade ;
tu es miséricorde, je suis misère.
N’est-elle pas une épreuve, la vie humaine sur la terre ? […]
Et mon espérance est tout entière uniquement
dans la grandeur immense de ta miséricorde.
Donne ce que tu commandes et commande ce que tu veux. […]
Ô amour qui toujours brûles et jamais ne t’éteins,
ô charité, mon Dieu, embrase-moi !

St Augustin. Confessions, X, 27, 38-29, 4

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