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QUE CHERCHEZ-VOUS ?

"On ne naît pas femme, mais on le devient... ??"

30 Décembre 2012, 01:29am

Publié par Fr Greg.

Dans une récente 'lettre ouverte aux politiques' du 23 déc.2012 Mgr Jean-Pierre Cattenoz, archevêque d’Avignon, dévelloppe et creuse le point suivant :

"L’affirmation « Je ne nais pas homme ou femme, je le deviens » est un leurre qui relève d’une idéologie ancrée dans un subjectivisme, un relativisme absolu rejetant toute réalité objective de notre être personnel sexué. (…) "Bien évidemment, cette dimension sexuelle de l’homme et de la femme se développera de manière très complexe de la petite enfance jusqu’à l’âge adulte."

http://diocese-avignon.fr/spip/Lettre-ouverte-aux-politiques

 

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 Sans faire ici aucun procès, il aurait peut-être fallu -par souci de vérité, même si aujourd’hui cette quête ne va que dans un sens- développer cette phrase –en rouge-, qui pourrait éclairer cette idéologie subjective tant matraqué depuis le « on ne naît pas femme, mais on le devient ! » de Simone de Beauvoir dans Le Deuxième Sexe.  


En effet, je nais homme ou femme, cela s’impose à moi dans mon corps, et dans toute ma manière d’exister dès le point de départ de mon existence. On n'a pas le choix! Pourtant, si on naît homme ou femme, il me semble plus juste d’affirmer aussi que d’une certaine manière ON LE DEVIENT!


Bien entendu je ne peux pas devenir autre chose, un homme ne peut "devenir" une femme, mais un petit garçon peut malheureusement rester un enfant, infantile et immature; Il y a donc une appropriation de notre corps: "deviens ce que tu es" disait St Augustin et avant lui bien des philosophes. Et malheureusement, du fait de maladie physique, psychique ou autre, certains ne grandiront jamais, et ne deviendront pas un homme ou une femme jusqu'au bout! L’expérience de certains peuples des iles par exemple est un exemple flagrant de la place de l’appropriation de notre être ; et que des manques ou des abus peuvent provoquer un réel repli sur une manière d’être qui ne correspond pas à ce qu’est la personne.


Il faudrait même préciser ceci -et je conviens que je m’aventure en terrain délicat qui pourrait prêter à de mauvaises interprétations- : mon corps s'impose à moi naturellement, de même mes parents, ma famille, mon lieu d'origine, mon éducation… Mais ceci conditionne ma manière d'exister : je ne suis pas un homme, ou un être masculin ou féminin en soi: être homme ne dit pas jusqu'au bout ce que je suis. Je suis un être unique, individuel, original et autonome, et cela c'est plus que le fait d’être homme ou femme ! Être un homme ou femme fait partie intrinsèque de mon être, mais relève du comment j’existe non de ce que je suis ultimement. C’est un ‘accident’ substantiel : cela fait partie de ma personne, de comment j’existe. Par exemple, j’aime telle personne, c.a.d quelqu’un qui existe comme un homme ou une femme ; J’aime cette personne, dans sa bonté personnelle, pas le fait qu’il soit simplement un homme ou une femme. . .  

  En effet, nous sommes, chacun, des êtres spirituels, et -comprenez bien- l’esprit comme tel n’est ni masculin ni féminin ! Être un homme ou une femme relève de la manière d'être, qui fait que la manière dont je connais, travaille et aime connais une modalité propre: féminine ou masculine. Mais ce n'est pas cette manière d'être qui détermine et définit ce qu'est connaitre aimer ou travailler. Jouer au piano, faire un gâteau ou aimer quelqu'un n’est ni masculin ni féminin comme tel; mais la manière d'aimer, de travailler ou de connaitre sera autre suivant que l'on est homme ou femme  !  ; Être homme ou femme relève donc de comment j’existe, comment j'apparais et vis en ce monde, mais ce n'est pas ce que je suis; c'est une manière d'être, quasi-substantielle certes, mais ce n'est pas mon être substantiel, autrefois appelé l’âme.


Qu’est-ce que cela précise de dire cela ? Non pas que le fait d’être un homme ou femme est second ou interchangeable, mais que ce n’est pas ultime dans notre être. C'est substantiellement enraciné, cela fait partie de ce que je suis, c'est le chemin et la manière pour moi de développer mon existence, comment vivre et faire grandir ce que je suis et que je reçois, et de le personnaliser, l’orienter. Mais je suis davantage ! Réduire la personne a son corps, à sa psychologie, à son affectivité, à sa sensibilité, à sa manière d'être est sinon réducteur, de toutes façons déséspérant!

 

C'est pour cela que la "réponse" à ceux qui veulent changer de sexe, ou croient qu'ils peuvent devenir ce qu'ils veulent, ne se situent pas dans l'affirmation que l'on est ce que la nature nous impose -homme ou femme- mais que la réponse à leur attente, se trouve dans la découverte de leur esprit, leur personne spirituelle, qui dépasse le conditionement de la nature! Connaitre et aimer une autre personne, dans ce qu'il a de premier, de radical, est le propre de l'esprit humain. Et, renaitre à ce qu'est l'autre au-delà de ce qu'on en connait, et dévoiler la présence de l'Autre, me fait dépasser ma manière d'être toujours limitée, bancale, et jamais complètement harmonieuse ! 

Autrement dit, ceux qui en reste à une vision formelle, selon la nature de l'homme et de la femme, n'ont pas découvert leur personne, leur esprit, ce pourquoi ils sont; la raison majeure est qu'ils ne se sont pas laissé dérangé par un autre: ils ne sont jamais sorti d'eux-mêmes et de leurs opinions! Et quand il s'agit de croyant, cela signifie qu'ils ont une image de Dieu et d'eux-mêmes, autrement dit une idole. C'est de là que vient tout les intégrismes ou fidélité à l'image propre que l'on s'est donné! Être relatif à un autre, nous garde de tout formalisme, car l'autre nous rend toujours pauvre: il n'est jamais ce que j'en ai compris ou atteind!


Pour revenir à notre sujet, je deviens une personne humaine à partir d'un donné premier, naturel et physique, mais ultimement, c'est à travers mes choix, mes compétences acquises, mes engagements et tout ce dont j'ai pâtis que j'actue et réalise ma personnalité; Et ma personne, cet être spirituel, que l'on connait pleinement que de l'intérieur -spécialement en aimant- dépasse en quelque sorte notre manière d’exister, ce conditionnement masculin ou féminin, qui est comme son 'milieu' naturel.

 

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On comprend que pour défendre les enfants d'un projet de loi idéologique il faille rappeller ce qui s'impose naturellement à tout un chacun au-delà de ce qu'on peut penser et vouloir; mais si l'on veut un débat qui aille jusqu'au bout, il faut vraiment creuser la question de la personne humaine. La personne est en effet un être spirituel qui grandit, vit et se réalise à partir d'un corps reçu, mais qui par son esprit et ce pour quoi il est fait, dépasse ce corps; Pour cela, un regard métaphysique est nécessaire pour sortir de la fausse dialectique qui voudrait opposer un regard objectif d'un regard subjectif; opposition que nous avons hérité du rationalisme étriqué de Descartes.

 

 

Enfin la question du relativisme est à situer là ou elle est vrai: au niveau de ce qui est matériel en nous, le corps! Oui, parce que nous avons un corps, des choses sont relatives et impliquent nécessairement du plus et du moins. Je suis plus ou moins une personne achevé, plus ou moins un homme avec toute sa taille, plus ou moins une femme avec toute sa grâce ; je suis plus ou moins artisan, époux, père, citoyen, suivant que j’ai par mes choix développé et actué toutes les virtualités que je ‘reçois’ au point de départ. Il y a donc bien quelque chose de vrai dans le regard subjectif de Simone de Beauvoir et de sa descendance. La matière implique un certain hasard: elle est en puissance à toutes choses, elle est donc plus ou moins actués, plus ou moins réalisés, et en elle reste toujours une part d'indétermination, du possible réalisable! Dons elle peut être toujours un peu plus ou moins que ce qu'elle est maintenant. C'est pour cela que l'on peut tomber malade: c'est encore comment j'existe, comment j'apparais et je suis réalisé, mais ce n'est pas ce que je suis profondément. 


 

Je ne prétends pas être là exhaustif, et mes mots sont peut-être rapides et réclameraient d’être précisé, mais je voulais soulever une question qui n’est pas si simple à résoudre ; Nous payerons toujours un prix lourd de vouloir simplifier le réel par soucis d’efficacité politique: on ne peut réduire le réel à ce qu’on en a atteint : « on peut définir la personne humaine comme celle qui cherche la vérité » (fides & ratio n°28); il est donc nécessaire de la chercher jusqu’au bout. Tel est l’intention de mon propos ici. Chercher la vérité est fécond, défendre mordicus ce qu’on a cru comprendre sans s‘interroger conduit vite au dogme de la pensée unique avec ses conséquences fâcheuses… C’est la seule manière de répondre jusqu’au bout à ce que pointe les talibans du "je fais ce que je veux, ou je veux, avec qui je veux et autant de fois que je veux..." !

Fr Grégoire.

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