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QUE CHERCHEZ-VOUS ?

Lettre à un ami... (II)

29 Avril 2012, 03:42am

Publié par Father Greg

 

DAVID_Jacques_Louis_The_Intervention_of_the_Sabine_Women.jpgDe plus, les idéologies du progrès, la dialectique hégélienne, la dialectique matérialiste du marxisme, la méthode psychanalytique freudienne, marquent la sensibilité et le milieu imaginatif de l'homme moderne d'une manière si directe et si forte que souvent toute recherche de vraie sagesse semble superflue et du reste impossible, condamnée dès le point de départ.

C'est une évidence pour tout le monde qu'aujourd'hui tout est secoué, remis en cause, et cela à tous les niveaux. On peut alors se poser la question: assistons-nous à la fin d'un monde et à la naissance d'un monde nouveau? Ou assistons-nous à la fin dernière de notre univers? On ne peut le savoir; mais ce qui semble certain, et dont beaucoup même sont persuadés, c'est que les diverses transformations que nous constatons aujourd'hui—transformations économiques liées aux transformations techniques, elles-mêmes enracinées dans un progrès accéléré des sciences — doivent nécessairement aboutir à une transformation du milieu sociologique en lequel l'homme vit et s'épanouit. Et dans ce climat, beaucoup, se voulant prophètes, affirment que nous assistons à la naissance d'un nouveau type d'homme, que nous sommes en présence d'une nouvelle manière de penser et de vivre. Bref, au nom des diverses transformations du conditionnement humain (transformations qui s'intensifient et se précipitent avec une si grande accélération), on déclare que l'homme n'est plus le même être aujourd'hui qu'au Moyen Âge, qu'au temps du Christ, qu'au temps d'Aristote ou de Socrate. On affirme que l'«homme moderne» doit être compris pour lui-même dans sa «modernité» — ce qui souvent revient à ne plus considérer l'homme que dans son conditionnement, à tous les niveaux, c'est-à-dire à tous les niveaux de son devenir: on ne le regarde plus que dans son devenir. Dans cette perspective, on élabore une anthropologie psychosociologique qui se veut exhaustive et qui se veut philosophique; L’homme, dans sa réalité propre, n'est plus considéré que sous ces aspects psychologique et sociologique. Ainsi; au nom d'une anthropologie psychosociologique, qui ne regarde en l'homme que sa situation existentielle et son comportement, on rejette toute philosophie du réel, et surtout on tient pour périmée la métaphysique de ce-qui-est considéré du point de vue de l'être. On oublie que cette philosophie de ce-qui-est nous permet de découvrir en l'homme ses divers niveaux de vie, sa complexité, sa véritable personne, son autonomie substantielle dans l'être et son orientation vers un bien personnel, sa dimension spirituelle, dimension qui demeure voilée tant que l'homme n'est considéré que dans son conditionnement et son comportement psychosociologique'.

Ne devrait-on pas distinguer ce qui relève des transformations économiques, politiques, scientifiques, techniques (transformations qui sont un fait que l'on doit reconnaître, et qui en elles-mêmes ne sont ni bonnes ni mauvaises) des diverses idéologies nées certes dans ce climat, mais distinctes de lui, car elles impliquent, elles, toute une conception de l'homme, de sa personne, de sa destinée?

Ne sommes-nous pas très souvent, aujourd'hui, en présence d'une terrible confusion entre le fait évident de la transformation économique, technique, scientifique de la communauté humaine, et un jugement de valeur porté sur l'homme et sa destinée, jugement impliquant toute une vision philosophique plus ou moins explicite'? De la transformation économique, scientifique, sociale, on passe à la transformation de tout l'homme, en ce qu'il a de plus profond; et par là on en arrive à faire de l'homme un robot, un rouage au sein d'un développement économique, d'une transformation cosmique...

Une telle confusion ne s'est certes pas réalisée subitement. N’Est-elle pas le fruit de toutes les philosophies idéalistes, de toutes les idéologies issues de la philosophie hégélienne'?

Si l'on s'inquiète aujourd'hui avec raison de la pollution de l'air, de la mer et bientôt de la terre, si l'on prend conscience de l'urgence de ce problème (car c'est vraiment la survie biologique de l'espèce humaine qui est en cause), on devrait, si l'on était un peu lucide, s'inquiéter encore beaucoup plus profondément de la pollution du milieu culturel en lequel les jeunes doivent développer leur esprit et leur cœur. Car  Ajoutons que ce qui est vrai aujourd’hui de la réflexion philosophique l'est également au niveau de la réflexion théologique. On voudrait souvent aujourd'hui, faire une nouvelle théologie en ne se servant plus que d’une anthropologie psychosociologique. Là encore on ne s’intéresse plus qu’à la «modernité» de l'homme, en oubliant de le considérer dans sa véritable dimension spirituelle, sa capacité de découvrir la Réalité transcendante.

 

MD Philippe, lettre à un ami, Intro.

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