Des femmes et du féminisme
Il me semble qu’il n’y a rien de si laid qu’une femme insensible. Je n’entends pas par là qu’elle soit pleurnicheuse et faible mais effilée dans ses perceptions intuitives et sa sagesse intérieure, sa capacité à recevoir intimement le monde et non pas uniquement relativement à des lois pratiques ou rationnelles telles que les hommes peuvent les concevoir et les imposer. En ce sens, le féminisme a véritablement gâché la lumière spécifique de la femme, et je peux l’affirmer d’autant plus que c’est par lui que je l’ai perdue et que je peine tant à la retrouver ! La quête intellectuelle et la passion des idées que certains m’accordent ou me reprochent pour cause de féminisme d’ailleurs sont nées d’un violent rejet de l’indolence féminine et de l’imprécision affective que j’ai moi aussi connue dans mon âge tendre. Ne sachant que choisir, entre cette paresseuse mollesse, cette sensiblerie des femmes qui ont le temps d’écouter le mystère caché qu’elles portent mais n’en restent qu’à la surface de leur sentiments voire de leur épiderme et d’autre part l’activisme maternisant dénué de toute intelligence et de toute douceur, fondé sur le désir plus ou moins conscient de culpabiliser ceux que l’on a choisi de servir, j’en ai acquis une horreur de la nature féminine, de laquelle j’ai simplement conservé un amour pour la beauté parce qu’elle reste fascinante. Finalement, je n’ai retenu des femmes que la forme magnifique de ce qu’elles sont, et toute la séduction qui s’en dégage. Et j’ai oublié que ce n’était que l’écorce. J’ai aussi reçu avec application un certain féminisme, politique d’une part, dans l’air du temps. Mais celui-ci n’était que l’officialisation d’un autre, hypocrite et immémorial, que l’on appelle la guerre de sexes et dont le mariage de mes parents fut un laboratoire d’observation inespéré pour l’enfant que j’ai été. Inconsciemment bien sûr, j’en ai intégré toutes les lois et les réflexes, et c’est avec ce féminisme haineux, masqué derrière le sentiment d’injustice permanent de ma mère, purifié de tout émerveillement, c’est avec ce féminisme-là chevillé au cœur (et sans le savoir !) que je suis moi-même entrée dans le mariage et la relation avec l’homme.
L Pleuvier.