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Il répandit l’intensité de son amour en se répandant lui-même comme de l’eau… (5)

6 Juin 2020, 07:33am

Publié par Grégoire.

Il répandit l’intensité de son amour en se répandant lui-même comme de l’eau… (5)

 

Jésus dit : « C’est achevé » et inclinant la tête, il remit l’Esprit.

 

Jésus, Dieu dans notre chair, est l'Agneau du Père. Il est vers le Père en choisissant d'être dans l'état d'une victime offerte. Il épouse et 'devient' nos violences et nos misères, pour nous donner son Esprit-Amour. Et c’est Son corps, répandu en pure perte « comme l’eau qui s’écoule » qui nous le donne à vivre.

 

Ainsi, lorsqu’on donne à Jésus de nous prendre là où ça fait mal, alors l’Esprit-Amour coule en nous, s’appropriant nos misères, nos pauvretés, nos blessures. Ce qui à nos yeux humains est un échec, devient, par lui, acte d’amour.

 

L'Esprit-Saint utilise tout en nous pour nous mettre en état de totale offrande gratuite, seule attitude vraie de la créature vers son Père ! Un état de totale gratuité et pauvreté puisqu’alors de nos actes il n’y a pas de récupération possible : ils sont perdus, répandus en pure perte ! « Perdre sa vie » : choisir qu’il s’en serve comme il le veut, sans pouvoir l’utiliser pour faire du bien comme on l’aurait voulu.

 

N’est-ce pas cela qui doit être vécu dans nos liens humains, nos relations hommes-femmes, trop empreints de dialectique de pouvoirs, d’efficacité revendicatrice, de fausses séductions ? N’est-ce pas cela que Jésus veut en commandant à Marie et Jean : « voici ton fils ! Voici ta mère ! »

 

Est-ce parce que notre manière de vivre de Dieu est autre comme homme et femme, que même Marie a besoin de Jean pour vivre jusqu’au bout de Jésus et être prise par l’Esprit-Paraclet ?

 

Car Dieu est venu se dire dans la chair, et dans une chair lacérée, réduit à l’état de loque : il est à la croix un homme charnellement anéanti. C’est là l’ultime révélation : Sa chair. La chair est à la croix devenue le Verbe. Et Jésus insiste presque péniblement en nous donnant sa chair à manger, et son sang à boire. 

 

Ce don de Marie à Jean, il en annonce quelque chose avec les femmes qu'il rencontre. Liens personnels pratiquement intimes, et impliquant des gestes : avec cette femme samaritaine à laquelle Jésus demande immédiatement « donne-moi à boire ». Avec la femme adultère devant laquelle il s’abaisse et écris sur le sol pour préserver quelque chose de personnel sans l’écraser alors qu’elle était accusée. Ou encore avec Marie sœur de Lazare à laquelle il lui laisse verser du parfum sur ses pieds et les essuyer avec ses cheveux, geste intime réalisé publiquement. 

 

Tous ces liens réalisent une certaine intimité à la différence de ceux avec les hommes, rejoint eux dans leurs peurs. Parce que Jésus descend précisément à l’endroit des fragilités, des blessures ; non pour les guérir mais pour y établir une nouvelle alliance, son alliance.

 

Les guérir serait nous faire revenir à l’ancienne alliance, celle de la justice des origines. Mais Jésus ne rétablie rien du tout. Il se sert de ce qui en nous est blessé, notre cœur, pour nous faire vivre de ce qui l’anime lui.

 

Dans l’ancienne alliance, il y a quelque chose de la sagesse de Dieu spécialement confié à l’homme, et autre chose confié à la femme. Confié dans le sens ou chacun est gardien d’un secret à vivre mais qu’il ne peut vivre entièrement sans l’autre.

 

Pour l’homme c’est le jardin et la responsabilité à l’égard de tout ce qui est dans le jardin, dans une coopération avec Dieu dans l’ordre du bien et du mal. Non pour infantiliser l’homme, mais lui demander de ne pas décider de ce qui est bon pour lui sans Dieu, parce que ce qui est bon pour lui l’excède ! « Ton vrai bonheur ? Il excède ton horizon. Si tu veux un bonheur à ta mesure, tu l’auras mais dans l’amertume puisque ton désir ne sera pas comblé. Je t’ai fait pour un bonheur plus large que ton horizon » La vocation de l’homme c’est d’avoir comme horizon du bien Dieu lui-même, et non ce qui lui est accessible.

 

L’homme existe de cette manière unique : comme gardien de ce que l’horizon de l’existence humaine transcende ce qui est en son pouvoir. Et la femme apparait comme prémisse de ce bonheur, excédant tout ce que l’homme peut faire de génial. Il peut tout sauf faire celle qui vient d’en haut et qui est en même temps, comme l’homme le chante, « l’os de mes os, chair de ma chair ». Elle est le lieu de l’apprentissage, de l’émerveillement et du commencement de ce que Dieu leur prépare ultimement.

 

Et malgré cela, depuis la chute, nous passons notre temps a tenter d’organiser notre bonheur provisoire selon ce que nous avons compris de notre pouvoir. Comme si ce pour quoi nous existons était au bout de nos capacités d’inventions génialement organisés.

 

Ce qui est étonnant, c’est que la femme n’est pas là quand Dieu confie cette responsabilité à l’homme de ce pour quoi il existe. La femme est ainsi comme la réponse à une question qu’elle ignore. Cette question que l’homme doit garder vivante : où est mon bien ? Où est le lieu qui me permettra de commencer sur terre ce à quoi je suis appelé, et qui me permettra d’aller au bout de ma vocation ? Et la femme, dans le 2e récit de la genèse, est ainsi ignorante de sa grandeur à elle. Elle ne peut se comprendre que dans le regard que l’homme à sur elle. Et c’est bizarrement non réciproque, puisque la femme n’a pas attendu l'homme.

 

Or cette dissymétrie entre ce qui est confié à l’homme et la possibilité de réalisation qui passe par la femme s’avère éprouvant : l’homme voudrait avoir une maitrise du bien qu’est la femme, et la femme aimerait bien savoir quelle est la clé de cette chose assez invivable qu’est la relation entre elle et l’homme. Pourquoi est-ce assez invivable ? Et pourquoi est-ce que à la fin on ne comprend pas ?

 

Un homme peut accepter de ne pas comprendre pourvu qu’il soit comblé selon la manière dont il a envie. Pour une femme, elle ne sera jamais comblée tant qu’elle n’a pas compris pourquoi. Or, la femme n’a pas accès au pourquoi sans passer par l’homme. L’homme a reçu cette grâce d’être, non le propriétaire, mais le passeur du pourquoi des choses ; lumière qu’il ne peut dévoiler qu’en connaissant celle qui lui est donnée, comme surabondance, comme don complètement gratuit, comme marque d’amour de Dieu. Et qui vient lui permettre d’atteindre dans sa vocation ce qu’il ne peut achever seul.

 

à suivre… 

Grégoire +

 

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