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QUE CHERCHEZ-VOUS ?

Cette liberté intérieure que rien ne peut atteindre ..

15 Mars 2020, 19:27pm

Publié par Grégoire.

Cette liberté intérieure que rien ne peut atteindre ..

« Venez voir un homme qui m'a libéré tout ce que j'avais fait, subis, vécue..  »

 

Le cri de cette samaritaine, que Jean rapporte dans son évangile, est le fruit de sa rencontre avec celui que le Père a envoyé pour aller chercher l'humanité blessée, perdue, en déshérence.

 

Cette femme, que Jésus a voulu rencontrer, était bien plus perdue que le fils prodigue. Car si le fils prodigue revient vers son Père, elle non ! Elle n’a plus que sa cruche et sa corvée d’eau; Elle est montrée du doigt par son village : elle en est à son 6e compagnon ! C'est une samaritaine, une étrangère.. Bref, il n'y a plus que ce qu’elle fait qui lui donne un semblant de dignité ! C’est en grande partie l’humanité d’aujourd’hui qui tire sa seule gloire de ce qu’elle réalise pratiquement ou moralement.

 

Il serait bon parfois de rappeler que déjà chez les Grecs, si le travail est une noblesse humaine, il est tout de même moindre que l’amitié ou la contemplation ! Car travailler, faire, réaliser nous agrandit, mais recevoir dans l'amitié un autre, celui que l’on a pas fait, nous agrandit davantage, et contempler, chercher à dévoiler le Tout-Autre est ce qui au plus haut point nous agrandit, nous épanouie dans ce qu’on a de plus nous-même, puisque connaitre me fait d’une certaine manière devenir ce que je connais.

 

Ainsi, Jésus veut, au-delà de toutes les conventions et les qu’en dira-t-on, libérer, recréer et épanouir au plus point le coeur de cette femme, et même bien plus : il veut lui donner ce qu’il est Lui-même ! Car c’est cela le salut : non un message de bienveillante générosité ou de pénitence réparatrice mais quelqu’un pour moi ! Quelqu’un qui me revêt de lui et vient me donner à vivre inconditionnellement ce qu’il est.

 

Aussi, cette rencontre éclaire cet autre passage qu’on a étriquement appelé la 'parabole du fils prodigue', qui, en fait, est la parabole du Père en attente de son fils ! Car, déjà, attribuer l’adjectif prodigue au fils, c’est encore le regarder à travers sa pauvreté et c’est mépriser le père ! Le Père ne nous regarde JAMAIS à travers nos pauvretés ou nos limites, mais selon l’amour et le désir qu’il a pour nous !

 

Alors, comment cette femme dont le cœur est blessé, corrompue de toutes ses aventures, peut-elle revenir dans un état de vérité, retrouver son innocence première ?

 

Et bien, Jésus la remet dans la vérité, en la remettant face à Celui qui actuellement est source de ce qui, en elle, ne change pas : son existence ! « Dieu est esprit, et ceux qui adorent doivent adorer en esprit et vérité ». L’adoration « en esprit et en vérité » est ce qui permet à chaque personne, plus ou moins corrompue, errante, abimée, de non seulement se remettre dans un contact direct et immédiat avec sa Source, mais de vivre cette rencontre avec et en Jésus, fils éternel du Père ! Et ça c’est pour chacun, immédiatement, quoi que l’on ait fait !

 

Se recevoir du Tout-Autre..

 

Adorer, c’est ainsi se mettre face à notre source, en se recevant d’elle : « par lui, j’existe..» touchant que je suis actuellement voulu, pensé, aimé par Lui. Je suis en Lui ! Je suis à partir de Lui, quelque chose de Lui. Voilà ce qui est le plus moi-même. Le mal commis ou subi reste accidentel en moi et ne touche pas mon être profond !

 

(C’est en cela que permettre à quelqu’un d’exprimer sa souffrance permet de le conduire à sa guérison en l’aidant surtout à retrouver ce qu’il a de plus profond en lui : le lien avec sa Source. Par contre la relecture indéfinie du passé et l’acharnement sur la cause de ses blessures ne peut qu’engendrer un repli sur soi et créer un mal-être où les blessures sont vécues comme des absolus indépassables !)

 

L’adoration est un acte d’amour fondamental à l’égard de Dieu, où je remonte jusqu’à ce lien unique entre lui et moi ; Il s’agit de laisser Dieu nous prendre, nous porter, il s’agit d’être dans les mains de notre Père. L’adoration, c’est vivre de cet acte créateur, «toucher» de l’intérieur cet acte qui me fait actuellement exister ! C’est toucher que du côté de Dieu l’acte de ma création est personnel, éternel, et qu’il est donc actuel pour chacun. Je peux maintenant, à chaque instant, vivre cet acte purement gratuit de Celui qui me fait être, moi, par amour, et en vivre. Par là je découvre que par moi-même je ne suis rien -sinon le développement des qualités reçues au point de départ. Et donc que je suis entièrement, dans tout ce que je suis, entre les mains de Dieu.

 

pour vivre en enfant bien-aimé

 

Mais l’adoration en esprit et en vérité n’est pas simplement un acte religieux d’adoration, celui de la créature touchant sa source ; A cause de Jésus, cet acte ‘naturel’ et éminemment personnel, humain, est divinisé ! Adorer c’est se laisser envahir, déborder par ce que Jésus lui-même vit éternellement : être le secret du Père.

 

Ce que le Fils bien-aimé est venu nous apprendre purifie radicalement notre volonté humaine nous mettant dans la vérité : c'est reconnaître notre dépendance totale à l’égard de notre Créateur, en découvrant son amour infini à notre égard : c’est lui qui « m'a aimé le premier ».

 

C’est cela la grande libération, la libération de nos angoisses, de nos peurs, de ne pas être reconnu ! La preuve ? Cette femme, qui rasait les murs en venant au puit à l'heure où elle était certaine de ne croiser aucune des auto-satisfaites de son bled qui lui postillonnerait des injures à la figure, on la voit témoigner avec fierté, sans aucun repli sur elle-même, son émerveillement et sa dignité retrouvé : elle est fille bien-aimée du Père ! Ce qu'elle est profondément ne peut-être atteint, même pas par le souvenir de ses errements !

 

Grégoire.

 

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