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QUE CHERCHEZ-VOUS ?

Je te regarde et je comprends, une fois de plus, que j’écris pour qu’on t’aime. Mon journal n’a été publié que pour cette raison et, si je m’obstine à écrire, c’est pour augmenter les chances de te faire aimer.

13 Mars 2019, 02:43am

Publié par Grégoire.

Je te regarde et je comprends, une fois de plus, que j’écris pour qu’on t’aime. Mon journal n’a été publié que pour cette raison et, si je m’obstine à écrire, c’est pour augmenter les chances de te faire aimer.

" Je me suis toujours étonné de ton inlassable patience. Que de fois tu as pensé que tout était perdu, que tu n'arriverais jamais au bout de mon indifférence! Jamais, tu n'as cédé au désespoir. Après chaque crise de découragement, tu décidais de faire davantage encore pour me convaincre de la force de tes sentiments. Cette persévérance, cette résolution inébranlable, non seulement je les admire mais j'y vois la marque des grands caractères et des grands esprits. Une telle constance ne saurait s'accommoder de la moindre médiocrité. Tu avais une grande âme, au sens où l'entend Descartes. Pourquoi me faisais-tu confiance d'une manière aussi inconditionnelle? Cet acte de foi me paraissait en contradiction avec ta lucidité et ton sens du réél. Il y avait la quelques chose d'inexplicable et qui, pour moi, reste inexpliqué. C'est ta confiance aveugle qui, en fait, a façonné notre destin.

 

C'est à toi que je dois l'expérience d'une complicité à toute épreuve entre deux êtres libres et différents, expérience paradoxale puisqu'elle associe les idées contradictoires de solidarité et de liberté, expérience unique qui culmine dans la formule: tu existes, donc je suis.

 

En fait, depuis plus de quarante ans, ma vie reposait sur un acte de foi, sur la conviction de ton absolue sincérité. Je ne t'ai jamais prise en défaut, tous tes actes (et les actes seuls comptent) ont toujours été conformes à tes sentiments et souvent les ont dépassés.

 

Par ton courage intrépide, tu as renversé le cours du destin. Si tu avais cédé au découragement, si tu avais écouté (tu as failli le faire), la voix neutre et feutrée du désespoir, c'était fini. Je désirais rester libre, mais, devant toi, je prenais conscience de la stérilité, de la mesquinerie de ce désir. Si tu avais lâché prise, j'en aurais conclu que tu n'étais pas qui je pensais et je n'aurais pas renoncé en ta faveur à ma précieuse liberté. C'est à ta constance que je dois de ne m'être pas, à mes propres yeux, déshonoré.

 

Je serais devenu un personnage lucide et amer, tirant de cette amère lucidité les satisfactions précaires que donne un pessimisme de bon ton. C'est toi seule qui m'as épargné ce sort dérisoire et médiocre.

 

Il n'est pas nécéssaire, pour trouver la vie, de mourir à la vie comme font les mystiques. Cependant, il est indispensable, pour connaître la vraie vie, de renoncer à la fausse. Ce n'est pas si facile. La fausse vie a, en sa faveur, le brillant, l'immédiat, le facile. La vraie vie est un sentier escarpé qui exige effort et patience, mais, à chaque pas, le monde se découvre un peu plus. Aller de la fausse vie à la vraie vie, c'est changer de rive. Tu m'as fait passer sur l'autre rive.

"

Lettre à Laurence, Jacques de Bourbon Busset.

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