Le désenchantement, ce rétrécissement de l'esprit, cette maladie des artères de l'intelligence qui peu à peu s'obstruent et ne laissent plus passer la lumière...
"Lorsque j'arrive dans un endroit nouveau, c'est en bélier que j'y pénètre. Ma tête un peu courbée, mes deux cornes en avant je cherche, plus vite qu'avec mes yeux, ce que ce lieu a de sensible ou d'infernal. Je vois avec mon crâne. Je ne regarde pas les gens à la figure, je les croque. Je sais, à la première jetée des yeux, qui peut me tuer et qui me ravir, qui est mortellement infesté de lui-même et qui angéliquement s'ignore comme le coucou dans son appel. Quant aux nuages, aux fleurs, aux prés, je ne vois pas les paysages, ce sont les paysages qui s'effondrent sur moi.
Ce qu'un acteur ressent lorsqu'il passe la ligne entre l'ombre maternante des coulisses et la scène trempée de lumière, cette brutalité d'adaptation, de réglage millimétré entre la solitude dormante et le surpeuplement fébrile du monde, je l'éprouve à chaque seconde."