Miroir des âmes simples et anéanties et qui seulement demeurent en vouloir et désir d’amour
Marguerite PORETE - Une Vie, une Œuvre : Miroir des simples âmes anéanties (France Culture, 1991)
Voici la publication du mardi, jour dédié aux poètes français du Moyen-Âge : Émission "Une Vie, une Œuvre", par Jacqueline Kelen, diffusée le 5 septembre 1991 sur France Culture. Invités :...
Chef-d'oeuvre de la littérature mystique française, Le Miroir des âmes simples et anéanties révèle une richesse spirituelle qui place Marguerite Porete, dans la lignée de saint Bernard, Maître Eckhart ou Hadewijch d'Anvers. Du coeur de l'expérience religieuse la plus radicale - Dieu est Amour -, Marguerite Porete pose les questions de l'Évangile : l'Amour vrai est-il soumis à autre chose qu'à lui-même ? Fût-ce à la morale ? À la religion ? La force et l'audace de ces interrogations, qui en 1310 conduiront Marguerite Porete au bûcher de l'Inquisition, traversent les siècles à la rencontre de tous ceux qui, aujourd'hui comme hier, "fin Amour demandent".
- Comme les Hindous l’ont vu, la grande difficulté pour chercher Dieu, c’est que nous le portons au centre de nous-mêmes. Comment aller vers moi ? Chaque pas que je fais me mène hors de moi. C’est pourquoi on ne peut pas chercher Dieu. Le seul procédé, c’est de sortir hors de soi et de se contempler du dehors. Alors, du dehors, on voit au centre de soi Dieu tel qu’il est. Sortir de soi, c’est la renonciation totale à être quelqu’un, le consentement complet à être seulement quelque chose.
- La parfaite liberté ne connaît pas de « pourquoi »
- Je me repose en paix complètement, seule, réduite à rien, toute à la courtoisie de la seule bonté de Dieu, sans qu’un seul vouloir me fasse bouger, quelle qu’en soit la richesse. L’accomplissement de mon œuvre, c’est de toujours ne rien vouloir. Car pour autant que je ne veux rien, je suis seule en lui, sans moi, et toute libérée ; alors qu’en voulant quelque chose, je suis avec moi, et je perds ainsi ma liberté. Et si je ne veux rien, si j’ai tout perdu hors de mon vouloir, il ne me manque rien : libre est ma conduite, et je ne veux rien de personne » (ch. 51).
Miroir des âmes simples et anéanties et qui seulement demeurent en vouloir et désir d’amour
Le 1er juin 1310, Marguerite Porete, condamnée pour hérésie par le tribunal de l'Inquisition, est brûlée vive en Place de Grève à Paris,...
Le 1er juin 1310, Marguerite Porete, condamnée pour hérésie par le tribunal de l’Inquisition, est brûlée vive en Place de Grève à Paris, avec son livre Le Miroir des âmes simples et anéanties. De cette béguine originaire de Valenciennes, nul ne sait rien, mis à part ce que son livre dévoile de son chemin spirituel et de la vie de son âme. Fascinée par ce double féminin, Charlotte Jousseaume s’est plongée dans Le Miroir comme dans un miroir, se reflétant dans cette femme de légende qui se nourrissait, non de la paille des églises, mais du grain même de la vie, et qui exprimait, avec ses mots à elle, ce que nous nommons aujourd’hui le lâcher-prise, le lâcher-lemental et l’intelligence-du-coeur. Dans Et le miroir brûla, elle en dresse librement le portrait conté, empruntant au conte sa poésie et aux étoiles filantes leur trajectoire fulgurante, pour donner à un large public de vivre le mystère et le cheminement d’une Amante qui avait pris la plume pour que chacun entende de l’entendement d’Amour. Écrivain, Charlotte Jousseaume s’est fait connaître avec Le Silence est ma joie. Après avoir sondé les profondeurs de la spiritualité masculine dans Quatuor mystique, elle a choisi de donner voix à la femme. Passionnée par ce qui relie l’art, la psyché et la spiritualité, elle interroge le féminin et anime des ateliers danse & écriture sur les femmes de la Bible.